
Au sortir de la Première Guerre mondiale, Reims, bombardée de manière quotidienne durant quatre années, sort détruite à environ soixante pour cent. Ses paysages fascinent alors de nombreux artistes, qui s’attellent à retranscrire, dans leurs œuvres, les ruines omniprésentes.
Paul Hubert Nicolas Lepage est l’un d’entre eux. Élève du maître symboliste Gustave Moreau et de Fernand Cormon, il exécute plusieurs centaines d’esquisses et de peintures qui rappellent l’expressionnisme d’avantguerre. Lepage semble proche de cette autre voie issue de l’impressionnisme qui, selon Apollinaire, « s’élève au sublime, à la lumière ».
Monument martyr par excellence de cette ville détruite – qui s’est implantée dans l’âme du peintre –, la cathédrale retient particulièrement son attention. Bien qu’il semble se souvenir de la démarche de Claude Monet à Rouen, entre 1892 et 1894, il s’en échappe avec évidence par l’emploi de couleurs franches et subjectives et par une touche assez rude. Mobilisé dans la réserve active de l’infanterie, il vit le conflit au plus près des combats, et demeure très marqué par cette période. Il consacre l’essentiel de son œuvre aux ruines et à la reconstruction de Reims après la guerre.
Dans le journal Nord-Est du 24 mai 1924, dans un article signé Paul Flamant, on lit ces lignes : « La Cathédrale de Reims, dans son état actuel, passionne un peu et retient les artistes ; patinée par le temps, brunie et ambrée par la guerre et l’incendie, elle est d’une couleur indéfinis- sable : c’est un fantôme… ce fantôme nous échappe. Sujet terriblement difficile, dont il faut louer M. Lepage de ne pas l’avoir dédaigné. »
Les sujets traités par le peintre, qui pourraient être sinistres, dégagent souvent au contraire une certaine poésie résultant de l’utilisation de tons tendres et d’une lumière maîtrisée. Cette collection, riche de plus trois cent quatre-vingt-dix œuvres, présente une belle cartographie de la ville avant et pendant sa reconstruction. [F. Bouré, 2017]
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