
Musée des Beaux-Arts
971.4.2.3Cette grande feuille de Pierre Szekely fait partie d’une série de six estampes réalisées en 1969, ici à l’encre noire, à partir d’une matrice en ciment. La série, intitulée « Vie », a été donnée au musée des Beaux-Arts par l’artiste, en 1971, avec « La Paix », sculpture en grès des Vosges.
L’artiste, d’origine hongroise, est un sculpteur, architecte, dessinateur et plus largement plasticien, auteur de projets audacieux, souvent empreint de spiritualité. Attaché à la nature et plus largement à la matière, il explore de nombreux medium et tente de nouvelles pratiques artistiques. Membre du groupe « Espace », fondé par André Bloc en 1951, ses créations tiennent à la fois de la sculpture et de l’architecture.
Chaque œuvre a été gravée sur un bloc de ciment avant d’être reportée sur papier. La forme reproduite est simple et rude. Les traces laissées sur la feuille opposent un noir subtilement grainé (des versions à l’encre rouge existent), telle la peau d’un mur, à quelques fins traits blancs ( ?) surgis du creux taillé dans la matrice, semblable à un chemin. Le dessin d’apparence abstrait, fait de trait, cercle, carré et point, renvoie à des figures ancestrales aperçus dans des temps lointains, sortes de sgraffites surréalistes ou visions cosmiques.
Ces figures organiques semblent s’organiser et se multiplier naturellement dans l’espace qui leur est imparti. A l’image de ses sculptures ou ensembles architecturaux conçus dans les années 1950 (« Le Bateau ivre », à Saint-Marcellin en Isère, « Sculpture-jeux » à Clamart) et dans les années 1960 (projet de « Cité spirituelle » à Reims, chapelle du Carmel de Saint-Saulve à Valenciennes dans le Nord, village vacances à Beg-Meil, en Bretagne), chacune de ces estampes répond à la conscience du matériau et au sens du sacré qui habitent l’œuvre de Szekely.
Abstractions pures ou figures anthropomorphes : ici, on reconnait une maison, là, un sexe, ailleurs, un visage. Chaque feuille semble se nourrir de l’autre, « Vie un », deux, trois, quatre, cinq et six font illusion. Harmonieusement, elles forment un tout, racontent ensemble une histoire. Chaque numéro est aussi un signe, une des facettes de la Vie, évoquant les différentes faces d’un dé qui se joue de la destinée, que, toute sa vie durant, l’artiste questionnera.
[M.-H. Montout-Richard, 2023]
Figuration abstraite en aplat aux formes imbriquées.
Tirage : n°72
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