Jean-Simon Le Bouteux, dit Jean Berthélemy, est à vingt ans l’élève de Noël Hallé, peintre de plafond, de style rocaille.Il entre ensuite à l’École royale des élèves protégés – dirigée par Charles André van Loo, dit Carle van Loo, l’un des principaux peintres d’histoire du XVIIIe siècle. En 1767, il obtient le premier prix de Rome. En 1770, Marie-Antoinette épouse le futur roi Louis XVI. Pour le bal paré organisé à cette occasion, à Paris, par le comte Florimond de Mercy-Argenteau, Jean-François Chalgrin construit une salle « temporaire », jouxtant l’hôtel du Petit-Luxembourg. Au plafond, décoré par Berthélemy, sont illustrés le dauphin et la dauphine présentés aux dieux de l’Olympe… (sa consécration dans l’art difficile de la décoration plafonnante).
Ce camaïeu occupe une place singulière dans l’œuvre de l’artiste : il n’a pas été présenté au Salon et on ignore les circonstances de sa création. Il n’est pas l’imitation d’un bas-relief mais plutôt un pastiche. L’artiste s’est davantage inspiré des camées que de la sculpture monumentale. La recherche du trompe-l’œil est ici évidente et le fond bleu donne à l’ensemble un aspect précieux. La sobriété, le sens de la synthèse, l’importance de la ligne font de cette peinture l’un des exemples les plus convaincants du néoclassicisme en gestation.
Le sujet est peu commun : à la fin du XVIIIe siècle, les peintres évoquent plutôt le moment héroïque de la mort du philosophe grec Socrate ou l’épisode d’Alcibiade, bel élève remis dans le droit chemin par le vieux sage. Dans cette frise de personnages, on reconnaît Socrate et un couple formé d’une femme et d’un guerrier nu. Le discours du philosophe est certainement un avertissement à ces derniers, leur intimant de se méfier des séductions des joutes amoureuses et guerrières. Si le fauteuil et le guéridon néogrecs s’inscrivent à la suite des intérieurs helléniques de Joseph-Marie Vien, le sablier et la lampe à huile symbolisent le temps qui sépare le maître âgé de ses jeunes disciples. Cette œuvre ainsi que plus de trois cents autres sont léguées au musée par Charles Henri Grangé, dessinateur rémois. [F. Bouré, 2017]
Notice complèteSocrate, assis, de profil gauche, accompagné de deux disciples en retrait, debouts, écrivant, conseille un couple de jeunes gens ; la jeune femme coiffée d’une couronne de fleurs, vêtue d’une draperie, les seins nus, accoudée à l’épaule du jeune homme, casqué, nu, vêtu d’une cape, un glaive au fourreau ; un bouclier au sol, une lampe à l’huile sur une colonne, un sablier sur une console.
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