Le jeune Antoine Coypel découvre les maîtres de la Renaissance lors de son séjour en Italie au côté de Noël Coypel, son père, nommé directeur de l’Académie de France à Rome de 1673 à 1675. De retour en France en 1677, il est reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1681 puis nommé premier peintre du duc d’Orléans, frère du roi, dont il orne les résidences de Saint-Cloud et Choisy, ainsi que les demeures royales (Grand Trianon, Meudon, Marly). Occupant diverses charges à l’Académie, il en devient directeur en 1714. Nommé Premier peintre du roi en 1716, il est anobli en 1717.
À l’abri dans une grotte s’ouvrant sur un paysage montagneux, Silène, ivre, s’éveille, les mains liées par un faune, tandis que la facétieuse nymphe Églé, à la carnation laiteuse, se joue de lui en le barbouillant de mûres afin de l’obliger à chanter. Cet épisode tiré des Bucoliques de Virgile, jusqu’alors peu traité en peinture, permet à l’artiste de recourir à une mythologie galante très appréciée en ce début de XVIIIe siècle. Usant d’une construction pyramidale, d’une gestuelle explicite et de raccourcis ingénieux pour recentrer le regard sur Silène, l’artiste n’en livre pas moins une composition monumentale qui tranche avec l’anecdotique de la scène.
Si le colorisme de Coypel et son goût pour une forte expressivité des figures s’expriment au travers d’une touche soignée et libre, l’influence de "L’Allégorie des Vices" du Corrège, commandée par Isabelle d’Este pour son « studiolo » de Mantoue et acquise par le roi, reste sensible.
Ce tableau fut commandé en 1700 par le Grand Dauphin, fils de Louis XIV, avec trois autres sujets bachiques confiés à Jean Jouvenet, Bon Boullogne et Charles de La Fosse pour orner des dessus-de-porte de la salle à manger du château de Meudon pour lequel Coypel a donné d’autres compositions. [M. Julien, 2020]
Notice complèteDans une grotte, Eglé, vêtue d’un drapée, le sein nu, aidée d’un satyre à ses côtés, barbouille de mûres le visage souriant de Silène, ivre, vautré, la jambe droite reposant sur une cruche, les mains liées tenues par un satyre.
Parodie de l’Allégorie des vices, par Corrège, du studiolo d’Isabelle d’Este. Églé et ses compagnes barbouillent de mûres Silène endormi dans une grotte pour le faire chanter (Virgile, Eglogues, VI).
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