Cette coupe destinée à contenir du sel, ressource précieuse, est sculptée dans l’ivoire. Quatre personnages assis sur le socle mêlent des attributs sapis (nudité, parure…) et européens (chapeau, pantalons à rayures, chaussures, geste de prière), témoignages des premiers contacts culturels entre les Sapis et les Portugais dès la fin du XVe siècle. L’ensemble est orné de crocodiles stylisés, de perroquets et de serpents. Le couvercle a été remplacé postérieurement. Ces rares objets ont été commandés par des marchands portugais aux artisans sapis pour l’exportation, afin d’orner les riches tables européennes et les cabinets de curiosités, tout au long du XVIe siècle.
Comme plusieurs autres objets africains, cette salière a fait l’objet d’une attribution rétrospective et d’un marquage erronés, vers 1970/1980, qui l’ont rattachée au don Stocq fait en 1908 d’objets du Dahomey. Or la salière figure dès 1794 dans le premier inventaire du musée de Reims, où elle est désignée comme « une façon de coupe d’ivoire bizarrement sculptée, ouvrage des Indiens. » Aucun objet de la liste dressée par Henri Stocq ne correspond par ailleurs à cette salière. Sa provenance demeure mystérieuse : d’une collection privée ou d’un établissement religieux saisie durant la Révolution, ou peut-être de la grande collection Ferrand de Monthelon, acquise par la ville de Reims en 1752 ? [G. Magnier, 2021]
Notice complèteSalière luso-africaine en ivoire. Le piètement, de forme conique, sert de siège à quatre personnages et est recouvert de frises de zigzags et de perles, séparées par des filets, sur lesquelles six crocodiles sont disposés en diagonale. La base est bordée par un motif de godrons spiralés, semblables à une corde, tandis que l’arête supérieure est ornée de petites dents en débord. Chacun des quatre personnages est assis sur un crocodile. L’élévation du pied se prolonge par un cône plus étroit, également lisse, seulement orné jusqu’au départ des branches par deux lignes dentelées en relief, entre lesquelles sont figurés deux serpents ; le sommet est orné de deux frises de zigzags et s’interrompt par un plateau gravé d’un motif d’astérisque. Cinq branches soutenant le contenant partent latéralement de la partie supérieure du pied : celles-ci sont ornées rises de perles séparées par des filets, d’un crocodile, d’une frise transversale de zigzags et d’un décor de godrons spiralés. Les branches sont reliées entre elles par cinq perroquets (dont deux aujourd’hui disparus). Le contenant sommital est seulement conservé d’origine pour sa partie inférieure. Le bol est lisse et nu, à l’exception de trois serpents dont la queue s’enroule autour de l’extrémité de trois des cinq branches. Ces serpents tiennent chacun un animal indéterminé (amphibien ?) à moitié engagé dans leur gueule.
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