Joseph Sima est originaire de Jaromer, en République tchèque. D’abord proche des artistes d’avant-garde de son pays, il arrive à Paris en 1921 et va être sensible aux recherches de Piet Mondrian, l’un des pères de l’abstraction géométrique, mais aussi ouvert aux recherches des surréalistes. Vers 1926, Sima approfondit cette dimension métaphysique à la suite de sa rencontre avec de jeunes poètes de Reims, René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte. Ensemble, ils fondent en 1927 un mouvement, Le Grand Jeu, soutenus par un artiste dadaïste, Georges Ribemont-Dessaignes. Tous souhaitaient se libérer des contraintes sociales et du poids de la conscience. Ils remettent en cause l’ordre établi et revendiquent l’ésotérisme.
L’homme paraît surgir de la pénombre, tel un corps spectral, sans membres, sorte de momie mue par une toupie, ce qui donne un effet onirique à l’ensemble. La figure de Gilbert-Lecomte, à la fois noble et énigmatique, inspire à Sima un portrait d’une surprenante beauté, où passe l’ardeur intériorisée du poète, son désespoir, le tout renforcé par le choix des couleurs. Dans le catalogue « L’Énigme de la face. Exposition de figures humaines peintes par Joseph Sima » (galerie Povolozki, Paris, 1930), Roger Gilbert-Lecomte écrit : « Mon portrait n’est que mon semblable aplati et ce qui veille au creux de mes sommeils m’a vu m’étendre, plat, dans le pays des morts, ainsi. Et si je dis qu’un portrait est vivant, la vie de ce portrait ne s’arrache pas au cœur de son auteur, non plus qu’à celui du sujet peint, mais au grand cœur de la région obscure des limites, là où toutes vies, toutes consciences coïncident, dans la couronne de Nuit-Lumière, au tréfonds de la vie commune, la mère des splendeurs paniques accoucheuses des morts, – là où il n’y a plus que la souffrance, la vie pure, c’est-à-dire rien que la souffrance. ».
La collection Sima est une identité forte du musée : elle se compose de soixante-sept pièces, peintures, vitraux, dessins, dont des esquisses pour les vitraux de l’église Saint-Jacques de Reims. [F. Bouré, 2017]
Notice complètePortrait à mi-corps, de trois-quarts gauche, assis sur une chaise.
Cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.
Cette œuvre est soumise à droits et son visuel ne peut pas être diffusé librement. Les images vous sont donc proposées à titre illustratif et en basse définition.
Demander un nouveau visuel HD