n dénombre plus de 400 dessins classés sous le nom de Lagneau dans les collections publiques françaises et étrangères, sans compter la centaine de feuilles attribuées à l’artiste passées en vente ou circulant sur le marché de l’art. Tous sont des portraits ou des figures, dessinés à la pierre noire et à la sanguine, enrichies de pastel ou de craie de couleur. Si l’identité exacte de Lagneau demeure à ce jour inconnue, plusieurs indices ont permis de situer son activité à Paris, sous le règne de Louis XIII et la régence d’Anne d’Autriche. Son nom est mentionné en 1667 par l’abbé Michel de Marolles, dans l’inventaire de sa collection d’estampes et de dessins, dressé avant sa vente au Roi. Des dessins de Lagneau ayant appartenu à Marolles, il subsiste 69 feuilles conservées à la BNF, devenues des références dans l’établissement des critères d’attribution à l’artiste.
Le musée des Beaux-Arts de Reims conserve 16 dessins pouvant être associés au nom de Lagneau. Parmi ceux-ci, se trouve ce portrait d’homme, provenant probablement de l’ancienne collection d’Antoine Ferrand de Monthelon, premier directeur et professeur de l’Ecole de Dessin de Reims fondée en 1748.
Comme plusieurs portraits de Lagneau, ce dessin a été recoupé selon les contours du visage, avant d’être collé en plein pour compléter la silhouette du modèle d’un vêtement monastique à capuchon. Ce type de découpage montre que la valeur historique et artistique de ces dessins n’a pas toujours été prise en considération. Les collectionneurs du XVIIIe siècle les percevaient peut-être comme des curiosités ne présentant qu’un intérêt iconographique. Ici, le découpage est probablement antérieur à l’entrée du dessin dans les collections de l’Ecole de Reims (1752) et n’est sans doute pas l’œuvre d’Antoine Ferrand de Monthelon, qu’on imagine plus sensible aux qualités plastiques du dessin.
Dans son Catalogue historique et descriptif du Musée de Reims publié en 1881, Charles Loriquet identifie ce visage découpé à celui d’Henri de Joyeuse (1567-1608), prêtre capucin français nommé en religion Père Ange. La Bibliothèque nationale de France conserve un portrait gravé d’Henri de Joyeuse daté de 1632 qui ne permet pas d’affirmer qu’il puisse s’agir du même modèle.
La présence de craie blanche dans les poils de la barbe et autour des yeux tend à remettre en cause l’attribution à Lagneau, qui n’utilisait que très rarement cette technique, préférant laisser en réserve les éléments les plus clairs. [L. Causse, 2020]
Notice complètePortrait d’homme de trois-quarts gauche, en buste, vêtu d’une soutane à capuche, longue barbe.
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