On dénombre plus de 400 dessins classés sous le nom de Lagneau dans les collections publiques françaises et étrangères, sans compter la centaine de feuilles attribuées à l’artiste passées en vente ou circulant sur le marché de l’art. Tous sont des portraits ou des figures, dessinés à la pierre noire et à la sanguine, enrichies de pastel ou de craie de couleur. Si l’identité exacte de Lagneau demeure à ce jour inconnue, plusieurs indices ont permis de situer son activité à Paris, sous le règne de Louis XIII et la régence d’Anne d’Autriche. Le prénom Nicolas qu’on a voulu lui prêter est une invention de la fin du XIXe siècle qui ne trouve aucun fondement dans les archives contemporaines de l’artiste. Son nom est mentionné en 1667 par l’abbé Michel de Marolles, dans l’inventaire de sa collection d’estampes et de dessins, dressé avant sa vente au Roi. Des dessins de Lagneau ayant appartenu à Marolles, il subsiste 69 feuilles conservées à la BNF, devenues des références dans l’établissement des critères d’attribution à l’artiste.
Le musée des Beaux-Arts de Reims conserve pour sa part 16 dessins pouvant être associés au nom de Lagneau. Parmi ceux-ci, se trouve ce portrait d’homme, provenant probablement de l’ancienne collection d’Antoine Ferrand de Monthelon, premier directeur et professeur de l’Ecole de Dessin de Reims fondée en 1748. Ce dessin ne porte ni la marque de l’Ecole de Dessin de Reims (L.2133d) ni les paraphes (L.2958c et L.2958d) et numérotations visibles sur la plupart des dessins entrés dans les collections de l’Ecole en 1752.
Dans son Catalogue historique et descriptif du Musée de Reims publié en 1881, Charles Loriquet le présente comme un portrait de Jean-Louis Guez de Balzac (Angoulême 1594 – 1654), « historiographe de France et conseiller d’Etat », comptant parmi les « premiers écrivains qui fixèrent la langue ». Toutefois, les portraits de cet écrivain, gravés par Claude Mellan (1598-1688) ou Michel Lasne (1590-1667), n’ont rien de commun avec notre dessin.
Un examen approfondi effectué en 2009 par la restauratrice Nadège Dauga a révélé que cette feuille était bien un original du XVIIe siècle. Le traitement léger et nuancé des fondus à l’estompe a laissé penser qu’il pouvait s’agir d’une œuvre de Daniel Dumonstier (1574-1646) mais le mélange de sanguine et de pierre noire, le tracé ferme et efficace du visage, le jeu des réserves, l’estompe employée pour la chevelure et la barbe renvoient plutôt à l’art de Lagneau. [L. Causse, 2020]
Portrait d’homme, en buste, de trois-quarts droit, barbe, large col
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