On dénombre plus de 400 dessins classés sous le nom de Lagneau dans les collections publiques françaises et étrangères, sans compter la centaine de feuilles attribuées à l’artiste passées en vente ou circulant sur le marché de l’art. Tous sont des portraits ou des figures, dessinés à la pierre noire et à la sanguine, enrichies de pastel ou de craie de couleur. Si l’identité exacte de Lagneau demeure à ce jour inconnue, plusieurs indices ont permis de situer son activité à Paris, sous le règne de Louis XIII et la régence d’Anne d’Autriche. Le prénom Nicolas qu’on a voulu lui prêter est une invention de la fin du XIXe siècle qui ne trouve aucun fondement dans les archives contemporaines de l’artiste.
Le musée des Beaux-Arts de Reims conserve 16 dessins pouvant être associés au nom de Lagneau. Parmi ceux-ci, se trouve ce portrait d’homme d’âge mûr, provenant de l’ancienne collection d’Antoine Ferrand de Monthelon, premier directeur et professeur de l’Ecole de Dessin de Reims fondée en 1748.
Dans son Catalogue historique et descriptif du Musée de Reims publié en 1881, Charles Loriquet assimilait ce visage à celui de Maximilien de Béthune, duc de Sully (1560-1641), ministre et confident d’Henri IV. Visage allongé, calvitie, paupières tombantes et petite barbe caractérisent en effet plusieurs portraits du duc de Sully mais le modèle de notre dessin ne ressemble pas pour autant au duc de Sully tel qu’il fut représenté par ses contemporains.
L’homme porte un pourpoint sombre boutonné sur l’avant et une fraise à larges godrons dite « à la confusion » dont la mode commence à se développer autour de 1590 chez les gentilshommes français. A la fin du XVIe siècle, elle est toutefois de plus en plus concurrencée par le col rabattu et se porte davantage pour les grandes occasions.
La composition, le cadrage, le type de modèle, l’insistance sur le dessin du visage et la rapidité du traitement du costume sont caractéristiques des portraits dessinés par Lagneau mais ne suffisent pas à attribuer cette œuvre à Lagneau, qui fut souvent copié ou imité. Le traitement graphique n’a pas la vigueur habituelle des dessins de l’artiste et l’emploi de graphite, technique totalement absente de son œuvre, conforte l’hypothèse d’un dessin copié d’après Lagneau, peut-être par un élève de l’Ecole de dessin de Reims. [L. Causse, 2020]
Notice complètePortrait d’homme, de trois-quarts droit, en buste, dégarni, fraise à confusion
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