Les dessins du musée des Beaux-Arts de Reims, héritier de l’Ecole de Dessin de Reims fondée en 1748, proviennent pour la plupart de l’ancienne collection d’Antoine Ferrand de Monthelon (1686-1752), premier directeur et professeur de cette école. Ils ont été légués en 1752 et ont alors été paraphés par Thibault-Nicolas Noel, greffier secrétaire de l’échevinage de Reims. Puis, entre 1768 et 1770, tous les dessins appartenant à l’Ecole de Dessin de Reims ont été numérotés, parfois paraphés, et inventoriés par Lelarge, conseiller échevin de la ville de Reims.
Ce portrait d’homme ne portant ni la marque de l’Ecole de Reims (L.2133d), ni le paraphe de Thibault-Nicolas Noel (L.2958c), ni le numéro de l’inventaire Lelarge, est probablement entré dans les collections de l’Ecole après l’achèvement de l’inventaire dressé par Lelarge en 1770, sous le professorat de Jean-François Clermont, entre 1762 et 1795. Il reste à déterminer s’il a été exécuté par un élève de l’Ecole et a été conservé pour servir d’exemple aux futures générations d’artistes ou s’il s’agit d’un dessin plus ancien ayant lui aussi pu servir d’exemple.
En 1881, dans son "Catalogue historique et descriptif du Musée de Reims", le conservateur Charles Loriquet classe ce dessin parmi les portraits de Daniel Dumonstier (1574-1646) et son école. Toutefois, le modèle, qui ne semble porter qu’une simple chemise à petit col et arbore une barbe peu soignée, est probablement de condition modeste, ce qui l’éloigne de l’univers de cour dans lequel évoluent les membres de la famille Dumonstier. La coloration rosée du papier est en outre absente de leur production.
Pour autant, l’œuvre ne parait pas être un dessin d’élève datant du XVIIIe siècle mais répond à la tradition des portraits dessinés de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle. Le modèle est figuré de trois-quarts, le regard tourné vers le spectateur, son expression est légèrement amusée et toute l’attention du portraitiste se porte sur son visage plutôt que sur son costume laissé inachevé. D’un trait léger de sanguine, l’auteur du dessin a tout d’abord esquissé les contours et les principales lignes du buste et du visage. A l’aide de la pierre noire, il a renforcé certains contours, hachuré certaines parties du buste, marqué les pupilles, modelé le pourtour des yeux, souligné quelques rides et mis en place la chevelure, la barbe, la moustache et les sourcils. La sanguine a également été employée pour colorer les lèvres et la glande lacrymale, souligner les ailes du nez et rehausser la carnation. Enfin, l’artiste a utilisé une craie bleutée pour teinter les iris. Toutes ces techniques relèvent bien de l’art du portrait dessiné de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle, qui se voulait fidèle à la physionomie du modèle, tout en laissant transparaitre un peu de sa vie intérieure. [L. Causse, 2021]
Portrait d’homme, en buste, tourné à droite, regardant de face, cheveux court, barbe
Cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.