
Musée des Beaux-Arts
795.1.3807On dénombre plus de 400 dessins classés sous le nom de Lagneau dans les collections publiques françaises et étrangères, sans compter la centaine de feuilles attribuées à l’artiste passées en vente ou circulant sur le marché de l’art. Tous sont des portraits ou des figures, dessinés à la pierre noire et à la sanguine, enrichies de pastel ou de craie de couleur. Si l’identité exacte de Lagneau demeure à ce jour inconnue, plusieurs indices ont permis de situer son activité à Paris, sous le règne de Louis XIII et la régence d’Anne d’Autriche. Le prénom Nicolas qu’on a voulu lui prêter est une invention de la fin du XIXe siècle qui ne trouve aucun fondement dans les archives contemporaines de l’artiste.
Le musée des Beaux-Arts de Reims conserve 16 dessins pouvant être associés au nom de Lagneau. Parmi ceux-ci, se trouve ce portrait d’homme barbu, provenant de l’ancienne collection d’Antoine Ferrand de Monthelon, premier directeur et professeur de l’Ecole de Dessin de Reims fondée en 1748.
Ce dessin peut être rapproché de deux autres feuilles du musée de Reims, de même provenance, représentant également des hommes barbus très simplement vêtus et coiffés du même type de chapeau à larges bords (inv. n° 795.1.3806 et 795.1.3807). A en juger de la coloration ocre jaune de ces couvre-chefs, il pourrait bien s’agir de chapeaux de paille, généralement portés par les paysans, à la Renaissance comme au XVIIe siècle. Le modèle a d’ailleurs bien l’apparence d’un paysan. D’autres figures de paysans, voire de mendiants, apparaissent dans la production de Lagneau. Un portrait de paysan passé en vente chez Artcurial en 2017 (vente n°3034, 23.03.2017, lot 16) se rapproche de la série du musée de Reims, par l’allure et la physionomie du modèle. Probablement sous l’influence des « gueuseries » flamandes, hollandaises et allemandes, Lagneau donne souvent à ses figures populaires un aspect grotesque. Toutefois, les yeux presque clos du modèle, suggérant peut-être une cécité, inscrivent plutôt ce dessin dans la catégorie de ses portraits les plus émouvants de sincérité.
Le format carré et les dimensions réduites de la feuille sont assez inhabituels chez Lagneau mais la coloration de la carnation par la sanguine estompée, la reprise du fin réseau de rides par des petits traits de sanguine, les plis nasolabiaux profondément creusés à la pierre noire ainsi que la bouche marquée d’un seul trait sont caractéristiques de ses procédés graphiques. [L. Causse, 2020]
Portrait de vieillard barbu, en buste, de face, souriant, enroulé dans une cape, coiffé d’un chapeau à rebord
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