La première faïence de Rouen apparaît au XVe siècle avec Masséot Abaquesne, qui est le maître d’œuvre de ce développement. Les guerres de Religion et la mise à sac de la ville par les huguenots, en 1562, ont vraisemblablement arrêté sa production. Une longue période de silence va suivre jusqu’en 1644, date à laquelle Nicolas Poirel de Grandval, qui a été huissier de la reine régente Anne d’Autriche, obtient le 27 août, pour l’« utilité publique », un privilège de trente ans pour fabriquer de la faïence. Dès 1645, le roi porte cette durée à cinquante ans. Cette exclusivité est reconnue jusqu’en 1698. Il confie la direction technique à Edme Poterat qui fait venir des ouvriers de Nevers, seuls maîtres dans cette technique, lesquels apportent leur style et leur mode. Rouen va être reconnaissable à la fin du XVIIe siècle par son camaïeu bleu et ses décors chinois.
Le milieu du XVIIIe siècle voit l’apogée de la faïence rouennaise avec le triomphe du décor en camaïeu bleu. Les scènes chinoises se sont adaptées et sont désormais d’une conception typiquement rouennaise. On interprète le fameux dragon chinois, particulièrement le modèle « à la guivre » (ou vouivre, sorte de créature fantastique mythologique ailée). Au milieu du XVIIIe siècle, des thèmes japonais se juxtaposent ou se substituent aux décors chinois : haie fleurie et, parmi les animaux, le tigre et les échassiers.
Notre plat comprend ces différents éléments : décor de chinoiserie avec un dragon volant au-dessus d’un lac, encadré de vases d’où sortent des bouquets de fleurs. Le tout est surmonté d’un phœnix, alors que le fond est constellé de multiples insectes, papillons et libellules. La polychromie est éclatante, mêlant le jaune, le rouge, le ver t et le bleu. Ce plat provient de la collection de Jeanne Alexandrine Pommery qui, à sa mort en 1892, légua sa collection de plus de six cents pièces à la Ville de Reims.
[C. Delot, 2017]
Plat ovale, assise plate, bord chantourné souligné par un rang de perles, décor de chinoiserie consistant en un dragon en vol au dessus d’un lac, encadré de tiges florales, surmonté d’un phoenix et d’insectes ; bord souligné par un motif d’écaille.
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