Paysan de face portant un fagot sur les épaules ; dans le fond, un village de nuit
Le vitrail - Paysan au fagot - fut réalisé par l’atelier Hébert-Stevens sur le carton de Marcel Gromaire (1892 - 1971) pour l’exposition Vitraux et tapisseries modernes présentée à Paris au Petit-Palais en 1939. Il fait partie des premiers cartons de vitraux commandés par le Père Couturier et Jean Hébert-Stevens « aux maîtres de l’art vivant, en l’occurrence Gromaire, Bazaine et Rouault. Cette exposition, fondamentale dans l’histoire du vitrail du XXe siècle, apparaît comme l’aboutissement de longues et houleuses interrogations sur ce que doit être un vitrail. La volonté d’évacuer le vitrail « pastiche » ou « saint-sulpicien », considéré comme l’apanage du XIXe siècle, s’impose peu à peu tandis qu’émerge l’idée de faire appel à des artistes d’avant-garde. Connus pour leur liberté d’expression, ils sont considérés comme seuls vraiment capables de renouveler ce domaine artistique, à l’inverse des peintres verriers trop bridés par les traditions. Ce vitrail est unique dans l’oeuvre de Gromaire alors que, pour Rouault dont un des vitraux réalisés à l’exposition de 1939 sera repris à l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du Plateau d’Assy, et surtout pour Bazaine, l’exposition de 1939 fera office de véritable révélation. Dans l’oeuvre de Gromaire, le thème du paysan, souvenir de ceux qui traversaient les plaines du nord de son enfance, est récurrent. Ici, la silhouette massive d’un paysan, représentée en contre plongée courbée sous le poids d’un fagot de sarments de vigne, rappelle le goût de Gromaire pour le cinéma dont il a été l’un des premiers critiques dans la revue Le Crapouillot. C’est le moment du retour au village évoqué par des maisons rassemblés autour d’une église dont la girouette, au sommet du clocher, se détache sur la pleine lune. Jean Hébert-Stevens a admirablement mis la technique du vitrail au service de l’univers pictural de Gromaire. Son carton est transposé en vitrail avec une fidélité scrupuleuse. Les verres employés sont exclusivement des verres soufflés à l’antique qui peuvent être plaqués et gravés. Le travail de peinture à la grisaille noire ou colorée (nuage et coq du clocher) renforce l’aspect fortement architecturé de la composition avec des traits marqués qui se confondent souvent avec le réseau de plombs. La palette de couleurs, dominée par le brun-rouge, est sourde, comme dans ses tableaux de chevalet. (Extrait d’une note de Véronique David, chercheur à la cellule vitrail du Centre André Chastel de Paris IV)
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