Théodore Rousseau exprime dès le début de sa formation artistique un goût pour le paysage, d’abord auprès de son cousin Paul de Saint-Martin puis dans l’atelier de Charles Rémond et dans celui de Guillaume Guillon-Lethière. Il parcourt la France, notamment l’Auvergne encore peu explorée, afin de croquer en pleine nature les paysages qu’il admire avant de retravailler ces travaux en atelier. Cette affection pour la représentation de la nature l’incite à s’intéresser aux maîtres anciens ayant fait de la nature leur sujet. Il copie ainsi au Louvre les œuvres des peintres hollandais du XVIIe siècle comme Meindert Hobbema ou Jacob Ruisdael, les œuvres emblématiques du paysagiste français Claude Lorrain mais il regarde aussi des peintres anglais comme John Constable.
Cette passion pour la représentation de la nature pour elle-même participe d’un mouvement plus large au XIXe siècle, aboutissant à la réunion d’artistes partageant ce même désir dans le village de Barbizon près de la forêt de Fontainebleau.
Rousseau compte parmi les premiers à s’installer à Barbizon où il rencontre des personnalités adhérant à ses idées comme le peintre Jules Dupré ou Narcisse Diaz de la Peña. Rousseau fait disparaitre de ces toiles tout prétexte mythologique ou allégorique, réduit la présence humaine à l’imperceptible pour se consacrer presque exclusivement à la nature. Dans les deux dessins au fusain de la collection Vasnier (« Paysage avec route bordée d’arbres », 907.19.357 et « Paysage boisé », 907.19.358), l’artiste donne sa pleine expression au paysage, préférant une composition horizontale afin d’en accentuer la monumentalité. Il joue avec les réserves du papier et les différentes teintes de noir, du plus charbonneux et velouté au gris vaporeux dans les plus hautes frondaisons des arbres afin de rendre l’atmosphère d’un paysage presque inquiétant oscillant entre précision réaliste et romantisme. Ce jeu de nuances sombres peut aussi évoquer les gravures « à la manière noire » ou « mezzo tinto » ou encore les gravures réalisées par Rembrandt.
Passionné par les forêts et les sous-bois devenus son motif de prédilection, Rousseau s’attache à les défendre contre l’abattage, plaidant pour leur sauvegarde auprès de l’empereur Napoléon III. Outre ces dessins, Henry Vasnier légua également au musée une huile sur toile de Théodore Rousseau, « La Mare » (907.19.227) dans laquelle il offre là-aussi une place singulière à la représentation des arbres. [N. Roehrig, 2020]
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