Quatre versions de ce tableau sont connues. L’original, daté de 1650, dû au pinceau de Nicolas Poussin, est conservé à la National Galler y of Canada, à Ottawa. La pratique de la copie des œuvres célèbres est fréquente au XVIIe siècle, comme exercice d’apprentissage mais aussi pour permettre aux collectionneurs d’accéder aux œuvres célèbres et inaccessibles. On pense alors en effet que l’essentiel de la substance d’une œuvre est conservé dans une copie de qualité. L’inventaire après-décès du célèbre collectionneur Jabach mentionne une version de cette œuvre par Francisque Millet. Mais rien pour l’instant ne permet d’affirmer qu’il s’agit du tableau de Reims.
Tout concourt à faire de ce paysage une invitation à la méditation. La scène est calée, à droite et à gauche, par de grands arbres sombres. Leur feuillage se détache sur le ciel, permettant ainsi de mieux mesurer les distances. La tonalité va s’éclaircissant à mesure que l’on avance vers le fond. Les lointains bleutés sont en effet de tradition dans l’art du paysage dès le XVe siècle et la succession des trois tons brun, vert et bleu, est alors quasiment une règle dans la peinture de paysage au nord des Alpes.
La couche de préparation rouge sous-jacente tend à transparaître et à assombrir la scène. Les couleurs dominantes sont le vert et le bleu, mais des touches ponctuelles, le beige et le blanc des vêtements de la femme à droite, viennent rompre cette uniformité. Les petites taches blanches très lumineuses au second plan, reflets sur l’eau, cheval et constructions fortement éclairées, ont aussi leur importance. La clarté des lointains et les taches de jaune dans le ciel tendent à modérer l’aspect austère de cette scène. Le paysage classique fait de la nature un lieu de méditation, mais aussi de bonheur. [P. Le Chanu, 2017]
Notice complètePaysage classique ; au premier plan, jeune femme assise de profil gauche se lavant les pieds, à ses côtés une servante, toutes deux observées par un homme dissimulé dans la végétation ; à gauche, place foritifée, plusieurs cités réparties dans le paysage au centre et à droite ; haute montagne dans le lointain.
L’original de ce tableau fut peint pour le Maître des Comptes Passart ; quatre exemplaires sont connus.
Cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.