Ce dessin appartient à un important ensemble de portraits dessinés issus de l’ancienne collection d’Antoine Ferrand de Monthelon qui fut, de 1748 à sa mort en 1752, professeur de l’Ecole de Dessin de Reims et son premier directeur. Ferrand de Monthelon ordonna sa collection comme un outil pédagogique : les œuvres qu’il légua en 1752 à l’Ecole de Dessin de Reims étaient autant de modèles pour les élèves. L’inventaire établi entre 1768 et 1770 indiquait deux catégories de dessins : d’une part, les œuvres de maîtres au nombre de 3289 et d’autre part, les dessins d’élèves jugés dignes de servir à leur tour de modèles. Cette seconde catégorie comptait 985 dessins, parfois retouchés par les professeurs, dont plus d’une centaine pouvait être des copies de portraits plus anciens ayant appartenu à Ferrand de Monthelon. Les portraits dessinés du XVIe et du début du XVIIe siècle semblent avoir constitué, dans ce cadre, des sujets d’étude particulièrement prisés, comme en témoigne ce Portrait de femme, vue en buste, de trois quarts à gauche. Bien qu’il ne présente pas la marque de l’Ecole de Dessin de Reims (L.2133d), il pourrait s’agir de l’une de ces copies du XVIIIe siècle.
Dans son Catalogue historique et descriptif du Musée de Reims publié en 1881, Charles Loriquet identifie le modèle à Marie Touchet (1549-1638), maîtresse du roi Charles IX devenue comtesse d’Entragues. Deux de ses portraits sont conservés à la Bibliothèque nationale de France (BNF, Na 22 rés. f°9, Pl. 14 et 15). Toutefois leur physionomie et leur costume ne peuvent pas être rapprochés du modèle du musée de Reims, qui présente davantage de traits communs avec les portraits de la fille aînée de Marie Touchet et de François de Balzac : Catherine Henriette de Balzac d’Entragues (1579-1633), marquise de Verneuil, qui fut maîtresse d’Henri IV. Cependant, ici encore, des différences nettes existent entre le somptueux portrait de la marquise peint vers 1600 (Versailles) ou celui gravé à la même époque par Jérôme Wierix (1553-1619), et le portrait de Reims qui est très éloigné du portrait de cour : plus grande simplicité du costume, absence de pendant d’oreille et de bijoux dans la chevelure et vêtement en décalage sur la mode de son époque qui suggère un rang moins élevé (sa robe à ailerons et sa petite collerette godronnée sont plutôt en usage durant la seconde moitié du XVIe siècle, tandis que sa coiffure au chignon orné de rubans renvoie aux années 1605 à 1625).
Le dessin original ayant servi à l’exécution de cette copie n’a pas été identifié mais il parait difficile de le rattacher à l’œuvre d’un artiste de cour tel que Daniel Dumonstier (Paris, 1574 – 1646), l’un des portraitistes aux crayons les plus recherchés de son époque à la cour de France. Le costume, dont seuls les ailerons pourraient rappeler ceux du Portrait de Gabrielle d’Estrées exécuté par Daniel Dumonstier vers 1598 (Paris, BNF, Est., Na 22 rés. Boîte 2), ne trouve en outre aucun équivalent dans l’œuvre de portraitiste. [L. Causse, 2021]
Notice complètePortrait en buste, de trois-quarts gauche, col à collerette
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