Ce dessin fait partie d’un important ensemble de portraits dessinés, légués en 1752 à l’Ecole de Dessin de Reims, par son premier directeur et professeur, Antoine Ferrand de Monthelon. Si cette collection fut enrichie de dessins d’élèves souvent exécutés d’après des œuvres plus anciennes datant des XVIe et XVIIe siècles, l’inventaire qui fut établi entre 1768 et 1770 ne comptait pas moins de 3289 dessins originaux, parmi lesquels se trouvaient 380 portraits ou « Testes au Crayon noir estompé et en rouge et teste en pastel » (Inv. ms. Lelarge, pp. 9-10 ; Massé, 1978, n°123, p.74).
Ce dessin est l’un des très rares portraits de la collection Monthelon qui puisse être précisément daté. Inscrite d’une pierre noire semblable à celle employée pour le dessin, la date de 1569 figurant dans l’angle supérieur droit parait en effet authentique. Elle est en outre en parfaite adéquation avec l’allure du modèle, qui porte une petite fraise émergeant d’un pourpoint à collet montant, orné de multiples taillades ou mouchetures. La combinaison de ce costume avec la barbe rase en collier, la moustache tombante et les cheveux coupés courts se retrouve sur de nombreux portraits d’hommes exécutés dans les années 1560, à l’image du "Portrait du second maréchal Philippe Strozzi" daté de 1567 et attribué à « l’Anonyme Lécurieux » (BNF, Est., Na 22 rés. f°23). Le nom de l’Anonyme Lécurieux fut construit à partir de celui de Jacques-Joseph Lécurieux (1801-188 ?), ancien propriétaire d’un album conservé à la Bibliothèque nationale de France. Cet album contient des portraits dessinés par Benjamin Foulon (1550-1612) et 37 portraits non attribués, dessinés d’une même main, que l’on classa sous le nom de l’Anonyme Lécurieux. Ces œuvres sont datées de 1555 à 1574. Par bien des aspects et comme le suggère Marie-Catherine Massé en 1978, le portrait du musée de Reims s’en rapproche effectivement. S’inscrivant dans la lignée de François Clouet (1520-1572), l’Anonyme Lécurieux figure ses modèles en buste, de trois-quarts, dans un cadrage mettant en évidence le costume. Il emploie principalement la pierre noire et la sanguine, n’utilisant les craies de couleur que pour teinter certains iris. Bien plus souvent que chez François Clouet, ses modèles regardent le spectateur. La pilosité et les cheveux sont traités à l’aide d’une pierre noire très fine. Le costume est souvent décrit avec précision, les ornements proches du visage étant parfois plus détaillés. Toutefois, l’Anonyme Lécurieux annote plus souvent ses portraits à la sanguine qu’à la pierre noire et il mentionne en général les noms de ses modèles plutôt que des dates.
Dans son "Catalogue historique et descriptif du Musée de Reims" (1881), Charles Loriquet identifie le modèle à Louis II de Bourbon, duc de Montpensier (1513-1582), qui aurait ainsi été portraituré à l’âge de 56 ans. Certes, il existe quelques traits communs entre le portrait de Reims et un portrait de Louis II de Bourbon du musée national du château de Pau, probablement exécuté d’après une source iconographique plus ancienne par Henri Bellange (1613 – entre 1672 et 1680). Cependant, les traits juvéniles du modèle contredisent l’âge relativement avancé qu’aurait eu ce modèle en 1569. [L. Causse, 2021]
Portrait d’homme en buste, de trois-quarts gauche, haut col à collerette.
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