Originaire de Suisse, Jean Dunand arrive à Paris en 1896 après avoir suivi des cours à l’École des arts industriels de Genève. Il y entre en apprentissage dans un atelier de modelage, où il fait la connaissance de Paul Jouve. Le 18 février 1912, il rencontre Seizo Sugawara, maître du laque japonais, qui l’initie aux secrets de cet art millénaire. À partir de 1927, il est président de la classe dinanderie à l’Exposition nationale du travail dont le but est de décerner chaque année le titre de « Meilleur Ouvrier de France ». En 1935, comme de nombreux autres artistes, il participe à la décoration du paquebot Normandie en ayant la charge du fumoir et d’une partie du salon des premières classes. C’est un immense succès.
C’est en 1936 que Dunand conçoit cet exceptionnel panneau, « Les Corbeaux », qui est l’œuvre la plus monumentale réalisée en coquilles d’œufs. Commande privée, sa destination en est une propriété à Pinterville, en Normandie. Son intérêt réside dans son naturalisme : en effet, après une période privilégiant les décors géométriques, il s’intéresse au monde animal et à la nature comme de nombreux artistes liés au style Art déco. Les oiseaux, en léger relief de laque brun foncé mate pour le plumage, ont le bec en laque noire brillante et les yeux faits de perles noires. Ils sont perchés sur un arbre en relief, en laque à la terre. L’ensemble se détache d’un fond de coquilles d’œufs appliquées sur une laque ocre simulant un paysage de neige dans le lointain duquel un village est esquissé au crayon. Il s’agit du village normand où vivaient les commanditaires de l’œuvre, ce qui contraste de manière intéressante avec l’aspect assez japonisant de l’ensemble. Ce panneau est à rapprocher d’un paravent présenté à la galerie Georges Petit en 1927 dans lequel les décors géométriques sont abandonnés au profit d’une inspiration plus naturaliste.
[C. Delot, 2017]
Panneau décoratif figurant des corbeaux posés sur un arbre sur fond de paysage hivernal enneigé dans lequel se distingue en arrière plan un village.
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