Le musée des beaux-Arts possède un fonds important d’œuvres de Maurice Denis, grâce notamment à la générosité de sa famille. Denis fait partie de ces artistes ayant des liens avec Reims. Grand ami de Paul Jamot, il visite en 1903 le musée et décèle toute la modernité des célèbres toiles peintes encore médiévales. Renouvelant l’art sacré aux côtés de George Desvallières, il participe ensuite, entre 1925 et 1932, au programme décoratif de l’église Saint-Nicaise à Reims avec René Lalique et Louis-Léon Jaulmes. De ce chantier Art déco, né à la suite des destructions importantes de la Première Guerre mondiale, le musée conserve vingt dessins et esquisses préparatoires. Neuf autres œuvres, dont un vitrail, illustrent la variété de ses expériences artistiques.
Après une période nabie et symboliste, Denis, célèbre, effectue plusieurs voyages en Italie qui l’amènent à revoir son métier. Suivant les modèles de la Renaissance, il affirme la simplification des formes et éclaircit sa palette. En revenant parfois sur la planéité des surfaces, il privilégie une composition équilibrée, souvent scandée par des motifs répétitifs. Il cherche à concilier tradition et modernité. « Les Captifs » prouvent son engagement dans le renouveau classique des années 1900, parfois oublié en raison de l’émergence des avant-gardes. En 1907, à Venise, il écrit à André Gide : « […] au Lido, où il y avait en septembre les plus beaux corps nus que j’eusse jamais vus : au soleil, un peuple de tous les bronzes, et de tous les cuivres. […] Vous auriez aimé ces chairs dorées, et les attitudes fatiguées de ces gens qui tout simplement prenaient lentement des bains de soleil. » Prônant le culte de la vie, ce travail rappelle celui partagé avec l’écrivain en 1893 dans un ouvrage d’exception, « Le Voyage d’Urien ». En 1908, l’artiste achète une villa à Perros-Guirec où il peint d’autres baignades et jeux de plages, souvenirs d’un âge d’or enchanté, avant les horreurs de la guerre. [M.-H. Montout-Richard, 2017]
Notice complèteAu pied d’une villa donnant sur un bassin, face à un port, une foule de personnages dénudés se prélasse ; dans le fond, Venise.
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