Il s’agit là d’un thème tiré de l’Ancien Testament (Genèse XXII, 9-13), qui tient une place importante dans l’iconographie religieuse, du Moyen Âge à l’époque classique. Laurent de La Hyre, à lui seul, illustra ce thème à pas moins de quatre reprises.
Abraham est mis à l’épreuve par Dieu, qui lui demande dans un premier temps de lui sacrifier son fils Isaac au sommet d’une montagne. Au moment où il s’apprête à le faire, un ange inter vient et lui demande d’épargner l’enfant. Abraham « vit derrière lui un bélier retenu dans un buisson par les cornes » et « l’offrit en holocauste à la place de son fils ». Même si le moment est dramatique, le paysage et la gamme colorée, toute en harmonies et en nuances subtiles, tendent à en atténuer le caractère insoutenable. Il en va ainsi des passages très doux sur le gris et le beige du talus au premier plan à droite et des très subtils dégradés de vert sur le paysage en contrebas, au fond à droite. Les troncs d’arbres vus à contre-jour au second plan calent le groupe principal de part et d’autre. Il y a dans le groupe central, au-delà de la tache claire du corps du jeune homme, une symphonie colorée d’une extrême délicatesse. Ces tons pastel expriment une vision apaisée de l’histoire biblique, et en même temps une maîtrise suprême de l’art du coloris. Des touches de bleu se voient jusque sur les flammes du brasero et les rondins de bois posés au pied de l’autel.
Le succès de La Hyre témoigne de la façon dont son art fait écho à la spiritualité française de son temps. Celle-ci était représentée par le cardinal Pierre de Bérulle et les membres des grands couvents parisiens. Alors qu’il n’avait pas encore trente ans, il avait déjà obtenu la commande de deux Mays, grands tableaux offerts chaque année par la corporation des orfèvres de Paris à la cathédrale Notre-Dame. [P. Le Chanu, 2017]
Notice complèteA gauche, Isaac couché sur l’autel ; l’ange arrête Abraham en lui posant la main sur l’épaule ; en arrière-plan, arbres, buisson et bélier.
Cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.