
Depuis le début des années 1930, Karl-Jean Longuet s’est toujours attaché à la figure. Baigneuses, allégories, bustes et têtes de jeunes femmes dominent sa production ; la figure masculine semble réservée aux portraits, ceux-ci fussent-ils en pied à l’image du talentueux boxeur Milou Pladner ou du lutteur Paul Parisel. Au Salon des Indépendants de 1933, il présente L’Étreinte dite aussi Le Baiser, groupe taillé figurant la passion d’un couple enlacé. L’étude en terre adopte une composition assez conventionnelle consistant en un homme solidement campé serrant dans ses bras puissants une jeune femme nue dont la sensualité est exacerbée par une pose sinueuse. La pierre, quant à elle, se veut plus rodinienne et de la gangue de pierre émergent les torses mêlés de ce couple saisi en un instant passionnel. Longuet retravaillera ce sujet à la fin des années 1940 et le transposera dans différents matériaux. Les versions successives en terre, silex, plâtre, bronze, plomb ou granit témoigneront de ses recherches et l’accompagneront dans son tournant radical des années 1950. Les deux figures vont progressivement s’intriquer ; l’étreinte, sujet initial, semble peu à peu disparaître au profit de deux corps réunis. Se détachant encore davantage du réel, Longuet synthétise vers 1952 ce groupe en une masse facettée aux plans unifiés. Abandonnant la composition initiale consistant en une torsion ascendante, il questionne désormais l’inscription du groupe dans l’espace en accentuant sa monumentalité. Dans ce monolithe vertical, Longuet expérimente sa nouvelle manière synthétique tout en livrant une vision poétique de ces deux êtres unis qui ne semblent en former plus qu’un. Cet élan vertical particulièrement sensible dans cette pièce fait écho à l’investissement interrompu qui sera le sien, du début des années 1950 à sa mort, en faveur de la conception de sculptures pour l’espace public. Avant de s’orienter vers un registre abstrait, mais toujours très architecturé, il transposera ses figures dans des propositions aux masses soigneusement agencées [M. Julien, 2022].
Couple aux formes stylisées.
Tirage : n°1/8
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