La Vierge nourricière (étude)
FOUJITAMusée des Beaux-Arts
2013.3.474Né en 1886 à Tokyo, de religion bouddhiste, Léonard Tsuguharu Foujita arrive en 1913 à Paris. Dès 1920, lors d’un voyage à Rome, naît son intérêt pour la religion catholique. Il souhaite faire le portrait du pape Benoît XV et envisage dans le même temps de réaliser une grande composition représentant saint François Xavier, apôtre du Japon.
Mais sa vie tumultueuse va ensuite l’éloigner des autels de l’Église catholique. Il ne s’y intéresse à nouveau qu’à son retour à Paris après la guerre, et c’est durant les années cinquante que le lien avec la religion et avec Reims se fait. Sa rencontre avec René Lalou, président des Champagnes Mumm, et le meilleur ami de ce dernier, Georges Prades, est décisive. Le 18 juin 1959, Foujita visite Reims avec celui-ci. Alors qu’ils sont à l’intérieur de la basilique Saint-Remi, l’artiste reste un long moment en prières. Devant le tombeau du saint, il a une sorte d’appel mystique qui transforme sa vie. Se confiant à Prades, il lui avoue vouloir se convertir au catholicisme. Le baptême, ainsi que celui de son épouse Kimiyo, a lieu le mercredi 14 octobre 1959, à 10 h 30, en la cathédrale de Reims.
En remerciement, il offre la peinture d’une « Vierge à l’Enfant » à l’archevêché de Reims. Il reprend souvent ce thème, ainsi cette « Vierge nourricière » en 1964, léguée par son épouse en 2009 au musée des Beaux-Arts. Le sein gorgé de lait, la Vierge, assise, allaite l’Enfant Jésus. Dans sa main droite, aux doigts démesurément longs et difformes, elle tient un nid dans lequel les oisillons, sous une aile protectrice, attendent eux aussi la becquée. Tout autour d’elle, dans un paysage assez désertique, des familles d’animaux, qu’aimait tant dessiner et peindre Foujita, l’entourent : une lionne et ses petits, une louve et ses louveteaux, un bébé koala et sa mère, une maman kangourou avec dans sa poche un petit « Joey » sortant la tête, un faon tétant sous le ventre maternel. [C. Delot, 2017]
Vierge vêtue d’un drapé, les seins nus, nourrissant l’Enfant nu assis sur ces genoux, tenant de sa main gauche, un nid avec quatre oisillons recevant la becquée ; autour, animaux femelles et leurs petits (kangourou, lionne, louve, koala, biche).
Suite au décès de Kimiyo Foujita le 2 avril 2009 et à son inhumation à Reims le 25 avril 2009, le projet de legs de ces trois peintures peut maintenant se concrétiser. Ces oeuvres vont permettre d’ancrer durablement cet artiste dans le fonds du musée ; ce qui s’avère essentiel car Foujita était particulièrement lié à Reims. Rappelons qu’il était l’ami de René Lalou, directeur de la maison de Champagne Mumm, qu’il avait de surcroît décidé à Reims de se convertir au Christianisme, de s’y faire baptiser en 1959 dans la Cathédrale sous les flashs des journalistes du monde entier.
Après l’entre-deux-guerres, marquée par ses liens avec Modigliani et Soutine, Reims symbolise après la Seconde Guerre mondiale la dernière étape de la carrière de Foujita qui le conduit à faire édifier une chapelle - Notre-Dame de la Paix qu’il couvre, à l’intérieur, de près de 200m² de fresques. Cette chapelle, gérée par le musée des Beaux-arts, est à la fois son testament et son tombeau. De même, cette conversion illustre à Reims son ouverture à l’art religieux de la Renaissance italienne ; à cette époque, ses oeuvres dont les trois peintures léguées, rappellent sa fascination pour le thème de la Vierge, celui notamment de la Vierge à l’Enfant, qu’il revisite librement à travers sa culture japonaise. Par ailleurs, ce premier legs est l’occasion d’enrichir le fonds d’art sacré du musée qui comprend des oeuvres de Maurice Denis, George Desvallières et de nombreux vitraux de l’Exposition Internationale de 1925.
Cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.
Cette œuvre est soumise à droits et son visuel ne peut pas être diffusé librement. Les images vous sont donc proposées à titre illustratif et en basse définition.
Demander un nouveau visuel