Au sein d’une architecture de ruines qui évoque les gravures d’Albrecht Dürer ou d’Andrea Mantegna, cette Vierge entoure de ses bras protecteurs six personnages. Jaillissant de son sein, un jet de lactation miraculeuse guérit une jeune non-voyante. Une mère et son enfant, un homme infirme, et deux autres jeunes femmes, s’abritent sous son manteau. De part et d’autre, un homme encapuchonné penché sur des béquilles, et un autre appuyé sur un bâton, goûtent également l’aura bienfaisante de la Vierge. Cette dernière s’apparente à la Vierge de miséricorde – ou Vierge au manteau , thème iconographique du Moyen-Age et de la Renaissance dans lequel se sont notamment illustrés Piero della Francesca et Enguerrand Quarton.
Léonard Foujita peint ici une Vierge d’une extrême jeunesse, aux traits presque enfantins, qui rappellent ses représentations de fillettes, nombreuses après son retour en France en 1951. Le miracle ou don de guérison qui est ici attribué à la figure mariale s’inscrit dans la continuité des nombreux récits où tant Jésus que la Vierge guérissent aveugles, infirmes et moribonds.
L’apparence particulièrement miséreuse des personnages est également l’occasion pour Foujita de manifester son attachement au message chrétien appelant à la défense des pauvres et des démunis.
[R. de Raphélis, 2022]
Vierge assise sur fond architectural de ruines, vêtue d’une robe, drapée et voilée, accueillant contre elle et protégeant des infirmes et nécessiteux, femme et enfant endormis, fillette, jeunes-femmes et vieillards, un infirme se déplaçant au moyen de cannes anglaises à gauche.
Suite au décès de Kimiyo Foujita le 2 avril 2009 et à son inhumation à Reims le 25 avril 2009, le projet de legs de ces trois peintures peut maintenant se concrétiser. Ces oeuvres vont permettre d’ancrer durablement cet artiste dans le fonds du musée ; ce qui s’avère essentiel car Foujita était particulièrement lié à Reims. Rappelons qu’il était l’ami de René Lalou, directeur de la maison de Champagne Mumm, qu’il avait de surcroît décidé à Reims de se convertir au Christianisme, de s’y faire baptiser en 1959 dans la Cathédrale sous les flashs des journalistes du monde entier.
Après l’entre-deux-guerres, marquée par ses liens avec Modigliani et Soutine, Reims symbolise après la Seconde Guerre mondiale la dernière étape de la carrière de Foujita qui le conduit à faire édifier une chapelle - Notre-Dame de la Paix qu’il couvre, à l’intérieur, de près de 200m² de fresques. Cette chapelle, gérée par le musée des Beaux-arts, est à la fois son testament et son tombeau. De même, cette conversion illustre à Reims son ouverture à l’art religieux de la Renaissance italienne ; à cette époque, ses oeuvres dont les trois peintures léguées, rappellent sa fascination pour le thème de la Vierge, celui notamment de la Vierge à l’Enfant, qu’il revisite librement à travers sa culture japonaise. Par ailleurs, ce premier legs est l’occasion d’enrichir le fonds d’art sacré du musée qui comprend des oeuvres de Maurice Denis, George Desvallières et de nombreux vitraux de l’Exposition Internationale de 1925.
Cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.
Cette œuvre est soumise à droits et son visuel ne peut pas être diffusé librement. Les images vous sont donc proposées à titre illustratif et en basse définition.
Demander un nouveau visuel HD