Pierre Puvis de Chavannes est né dans une famille d’ingénieurs. Après des études à l’École polytechnique, il décide de se lancer dans la peinture à l’issue d’un séjour en Italie à l’âge de vingt-trois ans. À Paris, il étudie quelque temps avec les peintres Eugène Delacroix et Thomas Couture. Ami de Gustave Moreau, il s’intéresse à l’œuvre de Théodore Chassériau et d’Ingres. En 1890, il refonde avec Ernest Meissonier, Carolus-Duran, Félix Bracquemond, Jules Dalou et Auguste Rodin la Société nationale des beaux-arts, dont il est successivement vice-président et président.
Dans cette toile, la clarté de la composition met en évidence, chez l’artiste, sa dette envers le classicisme. Bien qu’il s’agisse d’une esquisse préparatoire pour « A la fontaine », de 1869 (Boston, Museum of Fine Arts), chaque élément de la scène apparaît déjà abouti, notamment les deux figures qui existaient déjà dans le décor intitulé « Le Repos », réalisé en 1863 pour le musée d’Amiens. L’héritage de la statuaire antique est de même particulièrement présent, la femme à droite de la composition évoquant la « Vénus de Milo ». Dans une composition rigoureuse, héritée du classicisme, Puvis de Chavannes appose ainsi ces deux figures qui paraissent deux aplats clairs aux contours bien marqués dans un décor minéral formé de larges touches de couleurs sourdes et mates rappelant l’intérêt de l’artiste pour la fresque et la peinture décorative.
Dans les œuvres de ce peintre il y a une sorte d’aura mystique. Maurice Denis le mentionne souvent dans ses écrits, le considérant comme une référence essentielle pour le mouvement symboliste. Dans son journal de 1899, il note : « Exposition d’esquisses de Puvis de Chavannes. […]. Grande importance de la ligne mélodique dans la décoration. La trouver certaine et pure, et s’y tenir sans scrupule.— Pour la couleur s’inquiéter sur tout de la tonalité générale, c’est-à-dire d’un rapport de deux ou trois tons, qu’il faut élucider et déterminer rigoureusement dans l’esquisse […]. ». [F. Bouré, 2017]
Notice complèteDans une clairière parsemée de quelques arbres, auprès d’une source dont l’eau remplit une cruche, une jeune femme en pied, drapée, le torse nu, de profil, penchée vers son contenant, converse avec un jeune homme, drapé, au buste nu, légèrement de trois-quarts droit, coiffé d’un chapeau conique, hanché, s’appuyant sur un arc.
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