Comme d’autres dessins de Maurice Denis conservés au musée des Beaux-Arts, ce grand format au fusain, à la sanguine et à la craie blanche monté sur châssis est une œuvre préparatoire pour un décor de l’église Saint-Nicaise à Reims. De style Art déco, cet édifice s’inscrit dans la cité-jardin Chemin-Vert, construite après la guerre de 1914 par le Foyer rémois, organisme pour la création d’habitations à bon marché. A l’origine du projet, le commanditaire et grand contributeur pour l’église, Georges Charbonneaux, président du Foyer rémois et également collectionneur d’art.
Cette scène présente la Sainte famille dans un décor champêtre, entre village et montagne toscane : l’enfant Jésus porté par son père Joseph et chéri par sa mère est également entouré par sainte Anne (mère de Marie) et sainte Elisabeth (sœur de Marie) et saint Jean-Baptiste (fils d’Elisabeth). Sur la droite, légèrement placé en contrebas, on aperçoit un deuxième groupe composé d’enfants, habillés à la mode des années 20. Au premier plan, une scie et des copeaux de bois rappellent le métier de charpentier du père protecteur de toute la famille.
Dans cette composition de style classique, Maurice Denis propose aux fidèles, majoritairement des familles nombreuses et ouvrières, une scène qui fait écho à leur époque et à leur propre vie familiale. Ainsi, les personnages de l’histoire sainte ont des visages de la famille de Georges et Marguerite Charbonneaux et surtout la mise en scène est à l’image d’une cité-jardin dans laquelle les habitants se retrouvent simplement le soir après le travail. En choisissant d’inscrire dans le présent, cette représentation de la famille, Maurice Denis, confirme son engagement pour le renouveau de l’art sacré tout en servant l’idéologie sociale chrétienne du Foyer rémois. La peinture réalisée à partir de ce dessin, fait à l’échelle du lieu, sera posée en juillet 1926. [M.-H. Montout-Richard, 2020]
Notice complèteDans un jardin, sous une treille, sur fond de paysage, entourée de figures, Sainte Famille auréolée, composée de Joseph, en pied, de profil gauche, vêtu d’un drapé, Anne à ses côtés, tient l’Enfant, de face, regardant vers sa mère, assise, de face, genoux légèrement tournés, vêtue d’une longue robe, lui embrassant la main, à côté de laquelle se tient Elisabeth et Jean-Baptiste.
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