Après le triomphe de son grand tableau « Supplice de Mazeppa » (musée des Beaux-Arts de Rouen) au Salon de 1827, Boulanger, est avec Delacroix et Devéria l’un des peintres romantiques les plus en vogue de son temps. Dans cette gravure, éditée pour la première fois en 1928, il rend hommage au poème de son ami Hugo, « La Ronde du Sabbat, ballade XIV » du recueil « Odes et ballades » écrit en 1825. Le poème dédié à Charles Nodier, commence ainsi « Voyez devant les murs de ce noir monastère/La lune se voiler, comme pour un mystère ! ».
Boulanger aime l’univers surnaturel de ces deux auteurs emblématiques à l’origine du Cénacle, cercle rassemblant les forces de la nouvelle école. C’est ainsi qu’entre 1828 et 1832, il donne naissance à une série d’œuvres mettant en scène des figures macabres et flamboyantes qui dépasse le cadre de l’illustration. Olivia Voisin, le précise dans un article essentiel
D’après Victor Hugo : Louis Boulanger ou l’éloge de la monstruosité, « Histoires de monstres », paru en 2007 dans les cahiers Kubabab dans lequel elle rappelle notamment les multiples inspirations (Sujets fantastiques anglais, univers faustien, Caprices de Goya, retour au Moyen Age…) qui fondent l’esthétique de Boulanger. Elle révèle la porosité entre le texte et l’image, hybridation décidée par l’artiste, au service de l’imagination et du monstre — celui qui est là pour montrer. En conclusion, elle s’interroge : « Par les pouvoirs que Boulanger lui confère, le monstre hideux qui inspire les visions, qui génère la création, n’apparaîtrait-t-il pas finalement au sein de l’œuvre comme un alter ego de l’artiste ? Réponse à l’insolent autoportrait à la coiffure hirsute, terreur des fronts glabres, que Devéria insère dans sa « Naissance d’Henri IV », le monstre que Boulanger crée d’après Hugo ne serait-il pas l’allégorie du génie romantique, véritable prophète dont l’imaginaire omnipotent offre au spectateur la vue de l’impossible ? ». Boulanger présente au Salon de 1861 la version peinte de cette gravure (Maison de Victor Hugo - Hauteville House, Guernesey). [M-H Montout-Richard, 2019]
Notice complèteAu centre d’une cathédrale gothique, de part et d’autre de serviteurs assis dans le choeur, Satan, coiffé d’une mitre et tenant une crosse, dirige une sarabande maléfique de démons disputant des femmes nues, enlevant des tyrans, s’étirant dans un tourbillon sous la voûte.
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