Tout dans cette œuvre est maîtrisé au service de la compréhension de l’image. À gauche : le fait, un mort ; à droite : les pièces du dossier ; en haut : le fond neutre légèrement brossé ; en bas : le point final de la représentation gravé dans le bois sous forme d’alexandrin : « N’ayant pu me corrompre / Ils m’ont assassiné. »
La composition, structurée par des horizontales et des verticales, est renforcée par un dessin précis, une lumière sélective avec un minimum de couleurs et un traitement subtil de la touche selon son emplacement. La mise en scène est éclatante de vérité. Nous sommes en 1793, en France, à Paris. Jean-Paul Marat, rédacteur de « L’Ami du peuple », député à la Convention et instaurateur du régime de la Terreur, vient d’être assassiné par Charlotte Corday, une opposante, qui sera arrêtée et guillotinée. L’original de cette toile se trouve aux Musées royaux des Beaux-Arts à Bruxelles. En France, quatre répliques dites d’atelier mettent en évidence le succès de cette œuvre, l’un des tableaux emblématiques de la Révolution française (Dijon, Paris, Reims, Versailles) ; deux d’entre elles pourraient avoir été peintes par des élèves du maître, Gioacchino Serangeli ou François Gérard et/ou Jérôme-Mar tin Langlois (Paris, Versailles).
Fidèle à la vérité historique, David nous rend témoin de l’assassinat de Marat et de sa mort. La reconstitution anecdotique s’efface lentement au profit d’une glorification de l’homme public. Imbibé de ses modèles romains, mythologiques et religieux, l’artiste nous révèle l’atmosphère de son temps, celui de la propagande. Marat n’est plus réellement Marat. Il est à la fois citoyen républicain, martyr de la liberté et empereur triomphant. Mais, même au service de la politique, David peintre néoclassique montre ici le réalisme de la modernité, faisant de ce tableau un chef-d’œuvre bientôt défendu par Charles Baudelaire. [M.- H. Montout-Richard, 2017]
Notice complèteMarat gisant dans sa baignoire, à mi-corps, corps quasi de profil, tête tournée, tenant une lettre de la main gauche, une plume de la droite, pendante, au sol.
Cette réplique est sans doute partiellement de la main de David (quelques parties faibles : main et bras). On ignore son histoire et comment elle est venue aux mains de M. Paul David (qui n’avait aucun lien de parenté avec le peintre).
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