À quatorze ans, Pierre-Auguste Renoir entre en apprentissage dans une fabrique de porcelaine, rue du Temple, à Paris. Huit ans plus tard, en avril 1862, il entre à l’École des beaux-arts. Parallèlement, il fréquente aussi l’atelier de Charles Gleyre, où il se lie d’amitié avec Alfred Sisley, Frédéric Bazille et Claude Monet. Entre 1870 et 1883, Renoir est dans sa période impressionniste. À partir de 1883, il change de style ; les contours de ses personnages sont alors plus précis : c’est sa période ingresque (il s’inspire de Jean-Auguste-Dominique Ingres).
De 1890 à 1900, il change à nouveau son style en faisant un mélange des deux précédents : c’est sa période nacrée, celle pendant laquelle il est reconnu. Ici, l’entrecroisement de fines touches fluides et lumineuses rappelle sa formation initiale. La douceur et la sensualité de la jeune femme proviennent certainement de son attirance pour la peinture de François Boucher ou de Nicolas Lancret qu’il copiait régulièrement, durant ses années d’apprentissage, sur des éventails. Il s’agit d’un instantané qui théâtralise le personnage féminin. Tel un tissage, des touches fines et vigoureuses de couleur structurent subtilement la scène dont le cadrage resserré – les figures sont en partie tronquées – focalise l’attention du spectateur sur la relation triangulaire entre les trois personnages. Le peintre emploie des couleurs profondes et contrastées : des bleus pour le vêtement et des roses pour les carnations qui donnent à la figure féminine une formidable présence.
Cette toile porte l’intensité lumineuse des fines et subtiles touches de l’impressionnisme. De par ses dimensions, ce panneau appartient à la famille des miniatures, mais de par le génie de sa composition, il est certainement l’un des chefs-d’œuvre de l’artiste. Cette ravissante « Lecture du rôle » est léguée au musée en 1907 par Henry Vasnier. Trois autres tableaux et deux œuvres graphiques complètent ce legs. [F. Bouré, 2017]
Notice complèteJeune femme en buste, légèrement de trois-quarts gauche, mains jointes, le bras droit reposant sur un dossier, regardant face à elle un homme lui lisant une lettre, tandis qu’un second est visible derrière elle.
Par ses dimensions, ce tableautin est une miniature, un chef-d’oeuvre par la luminosité fine et délicate, la juxtaposition des bleus et des roses. On a cru identifier la jeune femme comme étant Jeanne Samary que Renoir connut en 1877 et dont il admirait la carnation. La comparaison avec le portrait de celle-ci en 1877 et les études faites par la famille de l’artiste ont écarté cette hypothèse.
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