Grâce aux études topographiques précises de Nathalie MichelSzelechowska, qui a longuement analysé les cadrages et les points de vue retenus par Corot dans ses tableaux peints dans les environs de Ville-d’Avray, nous sommes aujourd’hui assurés qu’il s’agit ici d’une vue du grand étang pris sous l’angle sud-ouest. Tout en demeurant fidèle à la réalité du lieu, qu’il connaissait évidemment dans ses moindres détails visuels, Corot a entièrement repensé en atelier le cadrage et la mise en scène de cette œuvre, fortement structurée par l’arbre penché lui-même, qui coupe la composition en diagonale, mais également par la forme claire du bouleau, à droite du tableau, qui « cale » le rythme de l’ensemble. Avec habileté et maîtrise, le peintre utilise aussi à des fins plastiques le point de fuite du chemin de terre, à droite de l’œuvre, qui répond à un autre point de fuite constitué par les lointains et l’étang au fond du tableau, le tout étant animé par le rideau des feuillages transparents des arbres.
Nous connaissons une autre version de ce paysage, dans lequel une femme est aussi représentée, cueillant cette fois des fleurs dans un arbre situé au centre de la composition (localisation actuelle inconnue, Robaut et Moreau-Nélaton, 1905, Ill, n° 1498, p. 84-85), idée reprise également dans un dessin très proche du musée du Louvre (R.F. 4035). Ce thème de l’arbre penché reviendra dans de nombreuses œuvres de Corot (Melbourne, National Gallery of Victoria ; Londres, The National Gallery) ; il s’agit de l’un des thèmes les plus mélancoliques et poétiques - nous dirions même lyriques - mis en image par le peintre. Par la sûreté de la facture, l’énergie de la touche et la subtilité de ses teintes, ce tableau est sûrement le plus accompli et maîtrisé de cette série facilement datable aujourd’hui des années 1860-1865. [V. Pomarède, 20009]
Notice complètePaysage, le long d’un étang, sur les berges, près d’un chemin, une paysanne au pied d’un arbre.
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