Édouard Vuillard est l’un des représentants les plus importants de la génération postimpressionniste. À Paris, en 1889, il se joint à un petit groupe d’artistes de l’académie Julian, avec Maurice Denis et Pierre Bonnard, qui réalisent des œuvres marquées de symbolisme et de spiritualité, lesquels se baptisent la « Confrérie des Nabis » (« nabis » signifiant « prophètes » en hébreu), tout en se revendiquant des travaux de Paul Gauguin.
Cette peinture de petit format est représentative des œuvres de jeunesse de Vuillard. En effet, dans le sillage du synthétisme de Gauguin, il simplifie ses compositions et place au même niveau les différents plans de la scène, reprenant à son compte, par ailleurs, certains aspects de l’esthétique des estampes japonaises. La scène évoque deux femmes dont les formes paraissent imbriquées dans des aplats monochromes rouges et des aplats décoratifs formés de petites touches juxtaposées et vibrantes de couleurs. À cette époque, Vuillard s’intéresse particulièrement aux scènes d’intérieur suggérant une vie quotidienne et familiale banale, notamment sa sœur et sa mère.
Dans ces toiles s’imposent les motifs de papier peint ou de tissu, qui parfois absorbent les personnages. Longtemps, on a pensé que la scène représentée était celle d’une actrice dans sa loge, compte tenu des liens forts que Vuillard entretenait avec le théâtre d’avant-garde. En réalité, il s’agit de Marie, la sœur de l’artiste, en train d’essayer un vêtement dans l’appartement familial, à l’époque de son mariage avec Ker-Xavier Roussel, l’ami du peintre. Sa mère était corsetière et couturière. Ses évocations, souvent étranges, traduisent parfois la pesanteur et l’ennui de la vie de tous les jours. Elles révèlent une dimension psychologique qui, à cette époque, va caractériser l’art symboliste et « fin de siècle ». [F. Bouré, 2017]
Notice complèteJeune femme en pied, de trois-quarts gauche, dans un intérieur, devant une table, enfilant une robe, aidée par une servante, penchée, de trois-quarts dos ; au fond, paravent.
Vuillard collaborait à l’époque avec Lugné-Poé qui venait de fonder le théâtre de l’Oeuvre, pour lequel il peignit des décors.
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