Ce pastel de María Blanchard a été donné au musée des Beaux-Arts, avec un tableau de George Desvallières, par une famille de collectionneurs rémois, en 1951. Il est à resituer dans le contexte de l’avant-garde de l’entre-deux-guerres.
Née en Espagne, Blanchard se forme d’abord à Madrid, mais c’est à Paris que son style se nourrit, dans un premier temps, de celui des cubistes que l’artiste fréquente, notamment ceux de la section d’or, Juan Gris, André Lhote, Jean Metzinger. Très vite, au contact de Diego Rivera, de Gino Severini ou de Pablo Picasso, il est réinterprété de manière singulière. Parfois, il prend des accents de vérisme saisissants, particulièrement autour de 1925, moment où elle retourne à la figuration. Ce grand dessin de cette période est à l’image de son art, que le critique André Salmon qualifie de « voluptueux par dramatisme ».
La composition, aux teintes assourdies et métalliques, présente un groupe de trois personnes apparemment isolées les unes des autres. Et, par la magie de la technique du pastel, elles deviennent inséparables. L’artiste conçoit une scène intime où le silence des couleurs accompagne la fillette assoupie et où le temps est suspendu aux lignes de force. Au deuxième plan, la main tendue de la jeune femme semble retenir, d’un geste, les rayons du soleil ou les rêves de l’enfant. À l’arrière-plan, une figure debout nous regarde, sorte d’Atalante et gardienne du temple familial. Le temps est suspendu, la cire d’une bougie glisse sur la table ; l’enfant qui dort sur sa main évoque la figure de la mélancolie. Blanchard, à l’enfance douloureuse, qui ne pouvait pas être mère, a réalisé de nombreuses maternités. Artiste oubliée de l’école de Paris, elle a été justement remise à l’honneur avec une première rétrospective, en 2012, au musée de la reine Sofia à Madrid. [M.- H. Montout-Richard, 2017]
Notice complèteDans une pièce de vie, deux enfants assis devant une table sur laquelle est posée une bougie dont l’un d’entre eux, une fillette, s’est endormie sur la table, sous le regard de leur mère, en pied, de trois-quarts dos, qui s’en retourne, un plat à la main ; manteau de cheminée à gauche, lit en arrière-plan à droite près d’une porte ouverte.
Cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.
Cette oeuvre sera numérisée en haute définition lors d'une prochaine campagne.
Demander un nouveau visuel HD