Fils d’un graveur-ciseleur rémois, Émile Wéry part à Paris pour suivre les cours de Léon Bonnat, Jules Lefebvre et François Flameng. En 1895, il expose au Salon des artistes français juste à côté d’Henri Matisse ; il faut dire que pour chacun de leur tableau les deux artistes avaient posé leur chevalet non loin l’un de l’autre ; ils ont de plus quasiment le même âge et ont fréquenté l’académie Julian au début des années 1890.
Le thème de la Bretagne, illustré plusieurs fois par Wéry, rappelle l’amitié entre les deux artistes : c’est Matisse qui l’emmène pour la première fois dans cette région. Cette toile est une œuvre de jeunesse, un tableau intime. Dans un port de Bretagne, sur un parapet dominant la mer où les voiles brunes des barques de pêche sont à l’amarre, une jeune femme en costume local, bonnet et robe parés d’ornements, entoure de ses mains jointes un tout jeune enfant, dont le regard est perdu dans l’espace, et qui suce son pouce. La femme pensive, l’œil inquiet, scrute l’horizon, espérant certainement l’arrivée prochaine du pêcheur.
Wéry est un peintre rigoureux, qui se documente et n’exécute une toile que lorsqu’il est certain de lui. Cette peinture a été exposée au Salon des artistes français à Paris en 1898. Le tableau plaît beaucoup aux critiques : certains admirent la Bretonne aux allures de Vierge moderne, d’autres évoquent « l’harmonieuse vigueur du coloris et la finesse des nuances qui font de cette peinture une des œuvres les plus sérieusement belles de l’exposition ». Elle est achetée par Henry Vasnier, qui la prête pour l’Exposition universelle de Paris en 1900 – manifestation pour laquelle le peintre obtient une médaille d’argent –, puis la lègue au musée en 1907. Endommagée lors des bombardements de la Première Guerre mondiale, l’œuvre a été restaurée par l’artiste lui-même. [F. Bouré, 2017]
Notice complèteFemme de profil tenant un enfant ; au fond, un port.
Pour le salon de 1898, Wery reçoit une bourse de voyage et une médaille de deuxième classe.
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