En 1889, Maxime Maufra, alors âgé de vingt-huit ans et décidé à se consacrer pleinement à la peinture, se rend en Bretagne pour rencontrer Paul Gauguin et ses disciples, avec une pointe de scepticisme signalant son indépendance de caractère : « Je restais trois mois dans ce pays breton de Pont-Aven où je n’entendais parler que vert Véronèse pur, chrome, etc., théories de couleurs plus ou moins absurdes. Je préfère la coloration vive, mais on peut peindre avec du noir… Le tout est d’être peintre, et quoique ce mot déplaise à certains, il faut d’abord s’exprimer en cette langue. »
Obscurité et lumière : c’est cette alliance que célèbre la féerie nocturne ici traduite par Maufra. Avec plus de cinquante millions de visiteurs, l’Exposition universelle de 1900, à Paris, constitue un événement exceptionnel dans une capitale mondiale qui brille de ses mille feux. Les berges de la Seine sont alors transfigurées par les édifices construits pour l’occasion, et par les pavillons des nations invitées. Si l’exacte topographie des lieux, entre le pont d’Iéna et le Trocadéro, est loin d’être respectée par le peintre, c’est bien le triomphe de l’électricité qui importe ici, embrasant les quais et les frontons de ses points et de ses lignes, balayant le ciel de ses faisceaux.
« C’est alors que retentit un rire étrange, crépitant, condensé : celui de la Fée Électricité […] elle triomphe à l’Exposition ; elle naît du ciel, comme les vrais rois. Elle est le progrès […] on la tend en fils, on l’enroule en bobines, puis on la décharge sous l’eau, sur les fontaines, on l’émancipe sur les toits, on la déchaîne dans les arbres ; c’est le fléau, c’est la religion de 1900 », témoigne Paul Morand, jeune visiteur. La Seine elle-même serait convertie à la seule couleur des ampoules si un bateau n’y allumait, par ses vapeurs rosées et comme en contrepoint, un reflet d’incendie. [G. Magnier, 2017]
Notice complèteVue nocturne de l’Exposition Universelle de 1900 depuis la Seine sur laquelle se reflètent les illuminations et les lumières des architectures ; nombreux bateaux voguant.
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