Ce dessin appartient à un important ensemble de portraits dessinés issus de l’ancienne collection d’Antoine Ferrand de Monthelon qui fut, de 1748 à sa mort en 1752, professeur de l’Ecole de Dessin de Reims et son premier directeur. Ferrand de Monthelon ordonna sa collection comme un outil pédagogique : les œuvres qu’il légua en 1752 à l’Ecole de Dessin de Reims étaient autant de modèles pour les élèves. L’inventaire établi entre 1768 et 1770 indiquait deux catégories de dessins : d’une part, les œuvres de maîtres au nombre de 3289 et d’autre part, les dessins d’élèves jugés dignes de servir à leur tour de modèles. Cette seconde catégorie comptait 985 dessins, dont plus d’une centaine pouvait être des copies de portraits plus anciens. Les portraits dessinés du XVIe et du début du XVIIe siècle semblent avoir été, dans ce cadre, des sujets d’étude particulièrement prisés, comme en témoigne cette copie d’après un portrait d’Elisabeth de Bourbon (1602-1644), peint par Pierre Paul Rubens vers 1628-1629.
Fille d’Henri IV et de Marie de Médicis, Elisabeth de Bourbon épouse en 1615 le futur roi Philippe IV d’Espagne. Rubens peint plusieurs versions de son portrait (Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage, inv. ΓЭ-469 ; Vienne, Kunsthistorisches Museum, inv. 538) mais le dessin de Reims, tracé sans nuance de couleur, fut plus probablement exécuté d’après l’une des gravures reproduisant l’œuvre du maître flamand. On songe notamment à celle réalisée par Paulus Pontius (1603-1685), l’un des fidèles collaborateurs de Rubens, ou encore à celle du graveur Pieter de Jode le Jeune (1606-1674).
L’auteur du dessin a resserré le cadrage initial afin d’en isoler la tête et la partie haute du buste. Le visage et sa coiffure ornée de perles ainsi que la fraise épaisse et fournie qui les met en valeur sont dessinés de façon assez précise tandis que le costume est esquissé. Toutefois, l’ensemble du dessin tend à saisir rapidement les principales lignes et formes du portrait original tel qu’il a été diffusé par les gravures. Anciennement attribuée à Daniel Dumonstier (1574-1646), cette copie à la sanguine parait plus proche d’un travail d’élève de l’Ecole de Dessin de Reims, qui, ici, ne maîtriserait pas les techniques d’expression du modelé et appuierait sans nuance la commissure des lèvres noyées dans un embonpoint que le modèle ne présente pas. [L. Causse, 2021]
Portrait d’une femme en buste de trois-quarts gauche. Sa coiffure est ornée de perles et son cou est couvert d’une large fraise
Cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.