
Musée des Beaux-Arts
980.5.3Charles Le Brun, Premier peintre du roi Louis XIV, orchestrateur du décor du château de Versailles et de son jardin, était très lié à la famille d’Israël Silvestre dont on voit ici l’épouse défunte. Silvestre fut un prolifique graveur et dessinateur auquel on doit le plus important répertoire topographique de la France du Grand Siècle, les « Vues des Châteaux de France ».
Henriette Sélincart est donc représentée, ici, sur son lit de mort, probablement le 1er septembre 1680. Le dessin préparatoire, à la pierre noire, sanguine et rehauts de pastel, por trait sans doute réalisé de visu, est également conservé par le musée. Remarquons que le tableau est peint sur un marbre noir. La technique de la peinture sur pierre est bien connue au XVIIe siècle. La composition a dû être ébauchée avec de l’huile, de la couleur et de l’essence de térébenthine. N’oublions pas que, initialement, le médaillon était encadré par une draperie de marbre blanc relevée à droite et à gauche, et installé en l’église Saint-Germain-L’Auxerrois, proche de la colonnade du Louvre, à l’intérieur de laquelle la jeune femme de trente-six ans avait été inhumée. Les traces du pinceau ont laissé des sillons et une surface rêche sur le vêtement qui couvre son épaule. Les carnations ont des teintes livides d’un rose violacé, localement un jaune pâle teinté de bleu, mais cela ne contrecarre pas l’expression paisible du visage.
Les portraits mortuaires ne sont pas rares dans la peinture européenne des XVIe et XVIIe siècles. Ils témoignent, malgré la fragilité de la vie alors, d’un rapport plus serein que le nôtre aux fins dernières, puisque peut-être fait d’espérance. L’historien Philippe Ariès en a étudié les manifestations et qualifie la mort de l’époque classique d’apprivoisée. [P. Le Chanu, 2017]
Portrait en médaillon figurant mourante une jeune femme voilée, en buste, de trois-quarts droit, les mains croisées.
Seul élément conservé du monument funéraire qui ornait la chapelle faisant face à celle du Saint-Sacrement en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois ; le médaillon se détachait sur une draperie de marbre blanc réalisée par Sébastien Slodtz (non conservée) et était accompagnée d’une épitaphe. Le marbre fut conservé au dépôt des Petits Augustins du 9 décembre 1793 à 1839 et rendu alors au baron de Silvestre sur intervention du ministre de l’Intérieur le marquis de Montalivet.
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Licence ouverte CC BY SA
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