Cette petite étude constitue l’un des beaux témoignages de l’une des œuvres essentielles des débuts de la carrière de Corot, lorsqu’il essayait de convaincre le public du Salon de 1836 de son talent dans le genre du paysage historique ; il s’agit en effet d’une esquisse pour le tableau « Diane surprise au bain » par Actéon (New York, Metropolitan Museum of Art, Robert Lehmann Collection), dans lequel le peintre avait beaucoup investi dans le but de prouver ses capacités à régénérer la tradition classique, grâce à son regard réaliste et à sa compréhension du sentiment de la nature.
Comme l’a justement fait remarquer Michael Pantazzi, dans le catalogue de la rétrospective de l’œuvre de Corot exposée en 1996 à Paris, Ottawa et New York, l’esquisse du musée, ne mettant en scène que quatre femmes dans le paysage et omettant la présence d’Actéon, semble démontrer que Corot avait primitivement choisi de peindre seulement le bain de Diane, sujet plus convenu et très apprécié des artistes du XVIIIe siècle.
Le tableau définitif prouve qu’il a préféré par la suite retenir le thème d’Actéon changé en cerf par Diane, thème plus étrange et romantique. Paradoxalement – et en dépit des hésitations et des choix révélés par cette esquisse –, le tableau du Salon de 1836, d’ailleurs plutôt mal reçu par une critique déstabilisée, demeure surtout passionnant par les propositions de Corot en ce qui concerne le traitement de la figure humaine ; la magnifique stature de Diane déshabillée, l’étonnante femme nue pendue à une branche au premier plan, la figure de femme torse nu de la partie gauche du tableau, répondant à celle qui guide le chien dans le fond de la partie droite, préfigurent ce que Corot fera de mieux, après 1860, dans le genre de la « figure de fantaisie ». En revanche, cette étude, qui s’intéresse d’abord à la composition d’ensemble et aux possibilités offertes par ce paysage de ruisseau, de rochers et d’arbres, ne reflète en rien des réflexions du peintre sur la figure humaine, proposant plutôt des solutions concernant le paysage lui-même et sa composition, solutions qui seront retenues en définitive. [V. Pomarède, 2009]
Notice complèteAu milieu des arbres, près d’une falaise, le long d’un cours d’eau, un groupe de femmes nues se baignent, l’une au centre s’agrippe à une branche.
Esquisse pour le tableau du Salon de 1836. Seules quatre figures sont présentes en lieu et place des sept de l’oeuvre aboutie ; Actéon n’en fait pas partie.
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