Ce sujet traité deux fois par Delacroix (1839 et 1852), s’inspire librement de la tragédie de Shakespeare, « Othello ou le Maure de Venise », publiée en 1604 et réinterprétée par Rossini dont le peintre ne se lassait pas d’entendre la musique. La scène peinte par Delacroix, introuvable dans l’œuvre de Shakespeare, représente la colère du père de Desdémone, sénateur de Venise, qui lui reproche d’avoir épousé secrètement Othello. La pose de Desdémone, prosternée aux pieds de son père et criant son innocence a donné à Delacroix l’occasion de traiter un sujet passionné et touchant d’une façon aussi magistrale que le grand dramaturge anglais.
Ce tableau contient de nombreuses caractéristiques de la peinture romantique : des couleurs sombres animées par des contrastes violents d’ombres et de lumières, l’emploi de larges taches colorées qui s’harmonisent et accrochent l’œil du spectateur, une matière picturale épaisse ; l’expression d’émotions violentes – ici la colère d’un père –, le gout de refléter une époque, un lieu – ici l’Orient – et l’importance des détails (bijoux, vêtements, accessoires). Comme les nombreuses héroïnes ou allégories féminines représentées par Delacroix, Desdémone incarne l’idée de liberté dont le sort est « forcément » tragique. [MBA Reims, 2020]
Notice complèteDesdémone agenouillée, de trois-quarts gauche, vêtue d’une robe, suppliant son père vers qui elle tend la main droite, celui-ci, en pied, face à elle, dans un ample drapé, la rejettant, mains tendues en avant, tous deux observés par deux serviteurs orientaux sur le seuil de la porte en arrière plan.
Sujet inspiré à Delacroix par Shakespeare acte I, sc. III et par l’opéra de Rossini (Acte II, Scène VI).
Delacroix dans son journal témoigne en effet à plusieurs reprises de sa prédilection pour Rossini (voir dans son journal au 1er avril 1853 la scène avec Rivet à propos de ce tableau ou de sa réplique).
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