Natif de l’Argonne, c’est d’abord à Paris, auprès du peintre animalier Nicasius Bernaerts, lui-même élève de Frans Snyders, que le jeune Alexandre-François Desportes s’est initié à la peinture d’animaux, entre 1676 et 1678. Il en retient les leçons de la peinture flamande et un sens aigu du réalisme. Après avoir successivement travaillé pour la manufacture des Gobelins, puis pour la cour de Pologne vers 1695, il est reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1699, et se voit confier la peinture des chasses royales et des commandes pour orner Versailles, Marly et Meudon notamment.
Après avoir séjourné en 1712 en Angleterre, il compose de nombreuses peintures animalières jusqu’à la fin de sa vie, dont une suite de huit grandes scènes de chasse, intitulée « Les Nouvelles Indes », dont cette œuvre fait partie. Desportes avait eu l’occasion de travailler, en 1692-1693, à la reprise des cartons de la première « Tenture des Indes », réalisée à partir de tableaux animaliers du peintre Albert Eckhout, offerts en 1679 par Maurice de Nassau à Louis XIV.
Le succès de ces tapisseries, produites régulièrement jusqu’en 1730, incita les Gobelins à passer la commande de nouveaux modèles à l’artiste, en 1735, moyennant 2 000 livres par tableau.
Ces « Nouvelles Indes » furent réalisées par le peintre entre 1737 et 1741, lequel s’inspira des motifs étudiés sur les premières tentures. Le livret du Salon de 1739 décrit ainsi « un grand tableau en largeur de 12 pieds sur 11 & demi de haut, représentant des combats d’animaux & d’oiseaux, la plupart des Indes, dans un paysage, dont les arbres, plantes, fleurs & fruits, marquent le même climat ». Structurée autour de l’attaque du tapir par le lion, la composition met en scène un grand nombre de proies et de prédateurs marqués par le registre de l’effroi soudain, dont témoignent les cris des animaux et la mêlée colorée des oiseaux s’enfuyant. [G. Magnier, 2017]
Combats d’animaux dans une végétation luxuriante figurant au centre un lion tenant un tapir par le cou, à droite, un léopard bondissant sur un sanglier, devant eux, au premier plan, une lionne tournée vers la gauche saisissant au cou un cerf terrassé sur lequel un chien blanc se tient la gueule menaçante tandis qu’à la gauche du groupe un crocodile dévore un bélier et qu’à droite un second chien, couché sous le sanglier, semble blessé ; en arrière plan, deux autruches farouches se faisant face au dessus desquelles volent de grands oiseaux exotiques et un duc.
Carton préparatoire au premier cycle Les Nouvelles Indes, réalisé entre 1740 et 1744, tissé sans or ; un second cycle fut tissé en 1763.
Cette toile est la cinquième des huit que compte le cycle, réalisé par Desportes entre 1737 et 1741, à partir des cartons de 1634-1636 de Frans Post et Albert Eckhout, offert à Louis XIV par Maurice de Nassau.
Cette fiche ne reflète pas nécessairement le dernier état du savoir.