
Musée des Beaux-Arts
795.1.3796Ce dessin appartient à un important ensemble de portraits dessinés issus de l’ancienne collection d’Antoine Ferrand de Monthelon qui fut, de 1748 à sa mort en 1752, professeur de l’Ecole de Dessin de Reims et son premier directeur. Ferrand de Monthelon ordonna sa collection comme un outil pédagogique : les œuvres qu’il légua en 1752 à l’Ecole de Dessin de Reims étaient autant de modèles pour les élèves. L’inventaire établi entre 1768 et 1770 indiquait deux catégories de dessins : d’une part, les œuvres de maîtres au nombre de 3289 et d’autre part, les dessins d’élèves jugés dignes de servir à leur tour de modèles. Cette seconde catégorie comptait 985 dessins, parfois retouchés par les professeurs, dont plus d’une centaine pouvait être des copies de portraits plus anciens ayant appartenu ou non à Ferrand de Monthelon. Les portraits dessinés du XVIe et du début du XVIIe siècle semblent avoir été, dans ce cadre, des sujets d’étude particulièrement prisés, comme en témoigne ce Portrait de femme en buste, qui constitue probablement une copie d’après un portrait de la seconde moitié du XVIe siècle.
Dans son "Catalogue historique et descriptif du Musée de Reims" publié en 1881, Charles Loriquet identifie le modèle de ce portrait à Charlotte de Beaune-Semblançay, baronne de Sauves et marquise de Noirmoutier (1551-1617), qui fut dame d’honneur de Catherine de Médicis et maîtresse de François d’Anjou, d’Henri de Navarre - futur Henri IV et d’Henri de Guise. La Bibliothèque nationale de France conserve deux portraits dessinés répertoriés sous le nom de Charlotte de Beaune, l’un attribué à Benjamin Foulon et daté de 1586 (BNF, Na 22 rés. f°19, Adhémar 162, Dimier 1137), l’autre attribué à Pierre Dumonstier et daté de 1571 (BNF, Na 22 rés. f°19, Adhémar 406, Dimier 811). Toutefois, ceux-ci ne semblent pas figurer le même modèle et aucun d’entre eux ne peut être clairement rapproché du portrait de Reims.
Sur ce dernier, la jeune femme représentée porte une petite fraise à la confusion émergeant d’un collet montant dont la tonalité sombre pourrait être le signe d’un deuil, confirmé par le chaperon partant de son bonnet et retombant sur l’avant de son crâne. L’épaisseur du col laisse penser qu’elle porte au-dessus de son corsage un mantelet au col relevé. Ses cheveux sont relevés sur les tempes, selon une coiffure caractéristique de la mode du XVIe siècle. Cette coiffure en forme de cœur dite coiffure en raquette apparaît sur les portraits des dames de la cour de France, dès la fin des années 1540 mais connaît son plein succès durant les années 1570. Elle est alors également imitée par des femmes de condition plus modeste, issues de la classe bourgeoise.
Comme pour la plupart des portraits dessinés français s’inscrivant dans la tradition de ceux des Clouet, le costume n’est que partiellement traité et laissé à l’état d’ébauche mais contrairement à ceux-ci, le modelé du visage et sa carnation n’ont pas été estompés. Les hachures de pierre noire et de sanguine demeurent bien visibles sur le menton, sur les joues et autour du nez. Elles pourraient correspondre au goût du non finito particulièrement développé au XVIIIe siècle ou bien servir d’exemple aux élèves de l’Ecole de Dessin de Reims afin qu’ils assimilent les étapes d’élaboration d’un portrait aux crayons. [L. Causse, 2021]
Portrait de femme, en buste, de trois-quarts gauche, coiffée d’une bonnet, collerette
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