« Les Cranach de Reims » sont les photographies d’hier des personnalités de l’Allemagne protestante au même titre que les crayons des Clouet le sont pour les personnalités de la France du XVIe siècle. Ils ont été acquis en 1752 par la Ville de Reims grâce au legs d’Antoine Ferrand de Monthelon, directeur de l’école de dessin – l’une des premières créées en France – et forment une collection qui doit sa renommée à ces portraits dessinés, rares dans l’oeuvre de Cranach – treize au total. Dessinés sur le vif, avec une technique rapide associant la pierre noire pour la vivacité du trait et l’estompe des modelés à la détrempe qui permet des indications de couleurs, ils fascinent toujours. Facilement transportables, ils servent de modèles qui peuvent être habillés, coiffés en fonction de la mode et des besoins, et reproduits sous toutes les formes (peinture, vitrail, médaille, miniature, tapisserie). En 2015, à la suite de la rétrospective consacrée à Lucas Cranach le Jeune à Wittenberg, cette série exceptionnelle a été attribuée à l’oeuvre révélé de Cranach le Jeune, fils de Cranach l’Ancien.
Ici, il s’agit d’un portrait de la fille de Philippe Ier, duc de Brunswick-Grubenhagen, Catherine est princesse de Brunswick-Grubenhagen (1524-1581).
En 1542, à dix-huit ans, elle se marie à Torgau avec le duc Jean-Ernest de Saxe-Cobourg, demi-frère du prince électeur de Saxe, Jean-Frédéric le Magnanime et frère de Marie de Saxe. Cette année, Jean-Frédéric cède le gouvernement de Cobourg à son mari et lui attribue une rente annuelle de 14 000 gulden. Après la mort de son époux en 1553, Catherine se remarie en 1559 avec Philippe de Schwarzburg-Lautenberg. Elle meurt à Saalfeld, en 1581, sans enfant. Le domaine de Grubenhagen est intégré au XVIe siècle au domaine de Brunswick. Comme son château, situé sur le Grubenhagen, à environ une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Neubrandenbourg, cette ancienne principauté est rattachée au cercle de Basse-Saxe. Catherine, soeur du duc Ernest de Brunswick-Grubenhagen (inv. 795.1.274) est la belle-soeur à double titre du duc Philippe Ier de Poméranie : par son mari dont la sœur Marie de Saxe a épousé Philippe et par son frère, marié à Marguerite de Poméranie.
Le début de la devise de Saxe Als (Alles in Ehren traduit en général par « En tout honneur ») lisible sur la coiffe et sur le col de la jeune femme, a permis d’orienter la recherche vers une princesse de Saxe. Longtemps identifiée à Sybille de Clèves, épouse de Jean-Frédéric le Magnanime, électeur de Saxe, c’est finalement le portrait de Catherine de Brunswick-Grubenhagen que nous retenons. Par comparaison avec d’autres portraits incluant certains détails vestimentaires et accessoires (peinture du couple par Cranach le Jeune, collection américaine Holmès non localisée aujourd’hui ; miniature, album de Saxe, Dresde, SLUB), l’identification se justifie. Par ailleurs, cette étude pourrait être considérée comme étant celle d’un portrait de Catherine non retrouvé, facturé à Cranach l’Ancien en 1541. Ainsi a-t-elle pu être réalisée par Cranach le Jeune dans le contexte de l’union entre Catherine et Jean-Ernest de Saxe célébrée un an plus tard. [M-H Montout-Richard, 2016]
Notice complètePortrait en buste de trois-quarts gauche. Au cou, un collier ressemblant à celui d’Ernest le Confesseur
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