
Fils de marin, Eugène Boudin travaille d’abord comme mousse dans sa jeunesse, puis comme papetier-encadreur. Cette activité le met en relation avec les peintres, et lui fait découvrir le dessin et la peinture à laquelle il décide de se consacrer entièrement, par tant étudier à Paris avec le soutien d’une bourse de la Ville du Havre en 1851. Se partageant ensuite entre Paris et la Normandie, Boudin participe des débuts de la peinture de plein air, se distinguant par la recherche incessante des moyens de restituer la lumière de l’instant.
Il initie notamment à cette démarche Claude Monet, qui a ensuite reconnu cette dette : « Si je suis devenu peintre, c’est à Boudin que je le dois », écrivait-il ainsi en 1922. Boudin expose en 1874 lors de la première exposition des peintres impressionnistes, et poursuit son œuvre à distance raisonnable des succès de l’impressionnisme, profitant de ses voyages en Europe au cours des années 1870 et 1880 pour peindre de nombreuses vues dans le sud de la France, les Pays-Bas et l’Italie, notamment à Venise.
Le musée conserve douze de ses œuvres. La finesse de l’observation des ciels et des effets atmosphériques marins confère aux œuvres de Boudin une tonalité très singulière et particulièrement reconnaissable, dont témoigne cette vue de la plage de Berck au couchant, présentée à l’exposition de la Société nationale des beaux-arts de 1890. La longue bande de sable mouillée éclaire comme un miroir la partie inférieure du tableau et reflète la lumière du soir, légèrement rosée, que les nuages filtrent sur la grève. La mer est ici partout, sans presque être visible : l’horizon est occupé par la file continue des bateaux échoués dans l’attente de la prochaine marée, hérissé de voiles et de mâts. Les silhouettes animées du petit peuple de la mer, s’égrenant en un long cortège chargé des produits de la pêche, rappellent l’attachement du peintre pour le milieu marin qui l’a vu naître. [G.Magnier, 2017]
Le long d’une grève où sont échoués des bateaux à voile, un groupe de pêcheurs rentre de la pêche.
Vers 1889-1891, Boudin abandonna souvent sa touche juxtaposée et papillotante pour une peinture plus grasse et plus large. Ce tableau en est un exemple.
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