Alfred Boucher, issu d’un milieu modeste, se forme au contact du sculpteur nogentais Marius Ramus. Grâce à Paul Dubois, le jeune homme entre à l’École nationale des beaux-arts en 1869. Malgré ses échecs au prix de Rome, il séjourne en Italie en 1877-1878 et en 1883-1884 tout en exposant régulièrement au Salon des artistes français. Récompensé à l’Exposition universelle de 1889, il exécute l’un des groupes de la façade du Grand Palais pour l’Exposition de 1900. Répondant aux commandes officielles et portraiturant notables et aristocrates, il réalise plusieurs monuments commémoratifs entre 1887 et 1925. Il ouvre, en 1902, La Ruche des Arts à Montparnasse où se côtoient Fernand Léger, Chaïm Soutine et Amedeo Modigliani.
Trois athlètes nus sont saisis en pleine course. La tension de leurs muscles révèle l’intensité de l’effort. Par le choix d’un traitement idéalisé et du thème sportif, l’artiste s’inscrit dans l’intérêt renouvelé pour l’olympisme en cette fin du XIXe siècle. Jouant sur l’étagement des corps, la variété des postures et des expressions, l’artiste livre un morceau de bravoure qui rappelle la chronophotographie d’Étienne-Jules Marey, procédé photographique qui permet de décomposer chronologiquement les phases d’un mouvement. Boucher se tourne durant son séjour florentin vers une tendance plus naturaliste ; ses figures ethnographiques ou celles exaltant le monde ouvrier et paysan sont autant de prétextes à aborder la question de l’équilibre et de l’action, centrale dans notre groupe de coureurs pour lequel l’explorateur Gabriel Bonvalot servit de modèle.
Le plâtre monumental présenté au Salon de 1886 obtint une médaille de 1re classe, puis une médaille d’or lors de l’Exposition universelle de 1889. L’État lui commande alors un exemplaire pour les jardins du Luxembourg (œuvre détruite en 1940), tandis que des réductions sont diffusées par Ferdinand Barbedienne et, durant le premier tiers du XXe siècle, par Siot-Decauville. [M. Julien, 2017]
Notice complèteTrois athlètes élancés, le bras droit tendu.
Au But reçut une médaille de première classe au Salon de 1886, et une médaille d’or à l’Exposition Universelle de 1889. C’est l’explorateur Gabriel Bonvalot qui servit de modèle aux trois personnages. Le groupe eut un grand succès, et s’inscrit dans la renaissance du sentiment olympique. Le baron Pierre de Coubertin avait organisé des compétitions sportives à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1889, les premiers Jeux Olympiques de la période moderne ayant lieu à Athènes, en 1896. La nudité des personnages de Boucher illustre à sa façon l’idéal olympique, héroïque et désintéressé, dégagé des ambitions nationales. La statue monumentale en bronze qui se trouvait dans le Jardin du Luxembourg, à Paris, devant le Sénat, fut détruite pendant la dernière guerre. La première fonte fut réalisée par la fonderie Barbedienne [source : Joconde, musée Camille Claudel, Nogent-sur-Seine]
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