Dans le contexte des Trente Glorieuses, Karl-Jean Longuet s’associe à de nombreux architectes et questionne dès 1953 la place de la sculpture, entre décoration et nécessité. Sollicité par Jean-Pierre Paquet en 1957 pour le lycée Honoré de Balzac à Paris, il y témoigne d’une vision quasi théorique d’une sculpture complément indispensable de l’architecture. Le Balzac et le vaste mur animé jettent les bases de ses « sculptarchitectures » pour lesquelles il retiendra deux formules : sculptures monumentales, étroitement articulées avec les édifices, participant de l’ambiance du projet dans un dialogue constant avec l’environnement, fut-il urbain ou paysager ; animation des surfaces des superstructures au moyen de reliefs.
À Créteil, avec l’architecte Charles-Gustave Stoskopf qui construit de 1957 à 1968 le grand ensemble du Mont- Mesly, le sculpteur élabore entre 1960 et 1962 deux monuments de six mètres de haut chacun. Placés au centre de bassins et de fontaines soigneusement agencés, ils animent un vaste parvis minéral bordé de corps de bâtiments, pensé comme une agora antique. Comme pour s’opposer à la linéarité des immeubles ou dialoguer avec l’élancement des tours, Longuet propose une sculpture abstraite, très architecturée, dont l’alternance des pleins et des creux forme une sorte d’ossature. Ces différents volumes géométriques qui s’agrègent sur les différentes faces rappellent le constructivisme russe du début du 20e siècle. En outre, dans un élan ascensionnel, la pièce s’évase progressivement depuis une base étroite comme pour suggérer une croissance ininterrompue en quête d’infini. Ce principe, comme les formes rhomboïdales superposées, visibles sur une des faces, suggèrent une citation explicite de la Colonne sans fin que Brancusi proposa à partir de 1918. Ce plâtre, sur lequel sont visibles de nombreux points de report, constitue une maquette en réduction. Il illustre le processus créatif de l’artiste qui réalise esquisses et maquettes à différentes échelles avant d’attaquer les blocs de pierre de plusieurs tonnes. Pour ces pièces aux dimensions hors-normes, il dégrossit les formes avec l’aide d’un praticien avant de s’atteler aux finitions de surface [M. Julien, 2022].
Sculpture stylisée faite de trois futs en haut relief, reliés, émergeant d’une base.
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