Le monde des images de l’ère Meiji
L’art de la peinture, que les Tokugawa importent à Edo au début du 17e siècle lors de leur installation dans la nouvelle capitale, est fondé sur une stricte hiérarchie au sommet de laquelle se trouvent les mêmes grandes familles de peintres officiels depuis le 15e siècle.
Parmi elles, les Kano tiennent certainement la première place, ayant fondé leur succès sur leur capacité à adapter les références de la peinture chinoise aux goûts des grands seigneurs de la période Sengoku (1477-1573). Les Sumiyoshi, héritiers de l’école Tosa qui promeut une peinture perçue comme de tradition japonaise, favorisent quant à eux les scènes narratives et les paysages suggérés sur fond or. Les membres talentueux de ces lignages privilégient la maîtrise technique et la réinterprétation des modèles anciens à la nouveauté et à l’originalité, au risque parfois d’une certaine sclérose – particulièrement visible dans le domaine de la peinture bouddhique – que certains élèves émancipés savent toutefois remettre en cause.
La peinture, demeurée l’apanage des classes les plus aisées, ne parvint jamais à rivaliser à Edo avec les estampes, qui constituèrent l’une des grandes spécificités artistiques de la capitale. Reproductibles et peu coûteuses, en prise immédiate avec l’actualité culturelle et les modes du moment, les estampes ont inondé le marché japonais au 19e siècle, avant de connaître une seconde vie en inspirant les artistes européens dans le dernier tiers de ce siècle. Entre 1840 et 1870, leur production massive et parfois inégale voit une grande diversité des thématiques représentées : paysages naturels et urbains, histoire et mythologie, sumos, estampes humoristiques et ludiques…