Dessin de sculpteur - Dessin de sculpture

Dessin de sculpteur - Dessin de sculpture

« Il faut faire beaucoup de dessins, et le jour où on comprend quelque chose à un, on en fait une sculpture. ». Aristide Maillol

Parmi les riches collections d’arts graphiques du musée des Beaux-Arts de Reims se trouvent plus de quatre-vingt-dix dessins et estampes de sculpteurs, œuvres attribuées à une quinzaine d’auteurs identifiés dont Gerard van Obstal (1605-1668), Peter Scheemaeckers I (1640-1714), Jean-Baptiste Carpeaux (1827 - 1875) ,Paul Dubois (1829-1905), Aristide Maillol (1861-1944), Arthur Guéniot (1866-1951), Charles Despiau (1874-1946), Pierre-Marie Poisson (1876-1953), Jane Poupelet (1874-1932), Eugène Bourgouin (1880-1924), Carlo Sarrabezolles (1888-1971), Jean Osouf (1898-1996), Henri-Georges Adam (1904-1967), Simone Boisecq (1922-2012), Pierre Székely (1923-2001), Claude Bogratchew (né en 1936), Christian Lapie (né en 1955).

La plupart sont arrivés au moment d’acquisition de sculptures – sous forme de libéralités, dons des sculpteurs eux-mêmes, de leurs ayant-droits ou, plus ponctuellement, par le biais de collectionneurs avisés (legs Paul Jamot, 1949, Pol Neveux, 1978). Plus récemment, les campagnes de restaurations et de récolement ont permis d’identifier des pièces plus anciennes, provenant notamment de l’école de dessin, née au 18ème siècle à Reims. En même temps, le fonds s’est aussi enrichi de dessins du 20ème siècle avec une donation de dessins de la sculptrice Simone Boisecq.

Présentée sur le musée numérique cette exposition revient sur les pièces les plus emblématiques, illustrant différentes catégories de dessin de sculpteurs. En effet, même si une forme de porosité existe entre celles-ci, il est possible d’identifier, quatre grandes catégories, dans les collections de Reims.

Les dessins d’études et de recherches

L’artiste dessine à l’encre, à la sanguine, au graphite, au fusain ou au pastel. Sur le papier, il s’applique à reproduire ce qu’il voit ou y jette simplement, une idée. Chacun s’empare de l’instrument qui lui permettra de poser ses envies, voire même de les découvrir.

Ces esquisses et dessins d’études sont plus ou moins aboutis. S’ils ne sont pas directement en lien avec une sculpture à venir, ils vont accompagner l’artiste jusqu’à sa réalisation. L’étude d’après modèle vivant en est un parfait exemple, entrainant souvent de multiples variations du thème à l’origine du processus créatif.

Parfois, le dessin semble plus libre. L’artiste cherche au-delà des apparences. Il laisse surgir la forme sur le papier, celle qu’il reprend ensuite en modelant la terre, en s’attaquant à la pierre ou au marbre. Le travail sur le papier, fait d’ombre et de lumière, de pleins et de vides, d’opacité et de transparence, dialogue naturellement avec l’art du sculpteur.

Comme pour les dessins de peintres, souvent non datés et issus de fonds d’atelier, ces feuilles de recherches dégagent une forte émotion. Vivifiantes, surprenantes, parfois mystérieuses, elles renvoient à la liberté de créer et à la puissance des artistes à saisir leur réalité, imprégnée de certitudes mais aussi de désirs ou de doutes.

Les dessins de présentation en vue d’une commande, d’un projet

L’artiste s’applique à répondre à une commande en réalisant un dessin qui ressemble à ce à quoi le projet ressemblerait une fois traduit en sculpture et mis en place. Ainsi, pour une meilleure compréhension de l’intention, il peut évoquer sa tridimensionnalité en mettant en scène plusieurs points de vue de la sculpture. Il peut aussi présenter le lieu dans lequel l’œuvre s’implantera, en valoriser sa fonction, qu’elle soit décorative ou fonctionnelle. La série des études préparatoires de Christian Lapie pour l’installation de Travail/Volupté dans le parc du Schlossberg à Forbach en 1998 illustre parfaitement ce travail de projection à fournir au commanditaire.

Les dessins de sculpture ou dessin d’après les maîtres

Dans la plupart des cas, le dessin de sculpture s’apparente à un exercice, à un travail de copie, particulièrement important et obligatoire dans la formation des artistes. C’est le cas jusqu’au début du 20ème siècle, à l’image des académies des Beaux-Arts et des écoles de dessin qui dispensent ce travail de reproduction. Aussi, qu’il soit sculpteur ou peintre en devenir, beaucoup d’artistes se sont essayés à cet exercice avant de réaliser eux-mêmes leur œuvre en deux ou trois dimensions. Le face à face avec les antiques en est un exemple.
Lorsqu’ils ne sont pas imposés, ces dessins illustrent souvent l’admiration du dessinateur pour l’œuvre copiée et son créateur. Ils sont des jalons dans le parcours d’un artiste et permettent de mieux appréhender ses propres créations à travers ses sources d’inspirations.

Dans le cas de dessins d’un sculpteur reproduisant ses propres oeuvres, ils sont d’autant plus intéressants qu’ils soulignent l’attachement de son auteur à la réalisation finale. Telle une re-création, l’artiste semble rechercher, à travers le medium graphique, l’essence de la matière, la poétique du modèle initial.

Les dessins autonomes

Ces dessins, que l’on peut qualifier aussi de dessins d’imagination appartiennent à cette catégorie. Même si certains évoquent encore la réalité d’un modèle, d’un projet ou d’un souvenir de sculpture, ils sont souvent indissociables de l’univers de l’artiste et enrichissent sa perception. Signes de liberté du geste et d’audaces techniques, ils traduisent l’indépendance grandissante du trait et de la couleur, née à la fin du 19ème siècle, notamment avec les dessins d’Auguste Rodin.

Ces vingt dernières années, les dessins et estampes de sculpteurs ont été valorisés au sein des collections du musée. Objets de présentations régulières avant la fermeture du musée en 2019, dans le cadre d’expositions temporaires, ou ponctuellement dans les salles d’exposition permanente, cet ensemble devrait s’enrichir prochainement. Leur étude se poursuit. Elle permet de révéler de nouvelles manières d’aborder la sculpture et de mieux connaitre les auteurs. Aujourd’hui, la connaissance de ce fonds nourrit judicieusement le projet de la future galerie de sculptures qui présentera plus de 130 pièces datant du 19ème et 20ème siècle.

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