Fouilles

Troisième phase de fouilles
La poursuite du chantier de fouille nous offre des éléments complémentaires pour connaitre l’histoire de la cité.
Les niveaux gallo-romains, médiévaux et modernes
Les fouilles ont principalement porté sur le niveau gallo-romain, mais des éléments médiévaux et modernes ont aussi été mis au jour. Un grand bâtiment situé au centre du jardin du musée a posé des difficultés pour la datation, en raison du peu de traces laissées avant son abandon. Une deuxième latrine, encore intacte, a fourni des informations cruciales. Bien que les fouilles soient arrêtées à une certaine profondeur pour cette phase, il reste des éléments à explorer. Cette structure est particulièrement riche, avec du matériel qui permettra de dater l’abandon du bâtiment. En effet, les objets retrouvés, notamment de la faïence et du verre, étaient plus récents qu’envisagé initialement. Une analyse approfondie permettra de confirmer, comme semblent le penser certains archéologues sur le site, que le bâtiment fut abandonné dans le courant du XVIIIe siècle, période bien documentée dans les archives et durant laquelle les ailes actuelles du musée ont été construites.


Une colonne antique et sa décoration
Une découverte intrigante est celle d’une petite colonne antique retrouvée avec son chapiteau. Cela suggère la présence d’une colonnade décorative, potentiellement un portique. Étonnamment cette colonne se trouve contre le bâtiment médiéval, peut-être même à l’intérieur de celui-ci, ce qui pourrait indiquer que cette structure a été intégrée à des fins décoratives. La poursuite de la fouille a cependant révélé que celle-ci n’était présente ici qu’accidentellement dans un remblai, puisque le fragment est en réalité incomplet.


Les caniveaux et le matériel romain
Des caniveaux romains ont également été retrouvés, remplis de dalles réutilisées. Les blocs découverts étaient similaires à ceux trouvés lors des fouilles du Crédit Agricole de la rue Libergier dans les années 1980, où des fontaines en pierre de taille avaient été mises au jour. Leur emplacement suggère qu’ils se jetaient dans les caniveaux de la rue romaine. Ces découvertes permettent de mieux comprendre l’urbanisme de l’époque.

Les latrines publiques et leur fonction

Un bloc de pierre particulier, retrouvé lors des fouilles, pourrait avoir servi à supporter les sièges de latrines publiques. Il présente des traces de taille et semble avoir été conçu pour être visible, ce qui permettra de faciliter la restitution de son emplacement. Une petite pièce découverte non loin pourrait correspondre à ces latrines publiques.
L’urbanisme de l’époque romaine
Une partie du secteur fouillé révèle un étonnant manque de constructions romaines dans cette zone centrale de la ville, une anomalie par rapport aux autres quartiers plus urbanisés. Cette zone était située près du fossé de l’oppidum, qui était encore visible à l’époque romaine. Les fouilles précédentes du Crédit Agricole ont montré qu’une rue non alignée avec le quadrillage classique de la ville romaine suivait ce fossé. Cela pourrait expliquer pourquoi cette partie de la ville était moins aménagée.
Un puits romain et des bains publics ou privés ?

Un puits romain, partiellement dégagé, reste un point d’intérêt pour les archéologues. Il n’a pas, suite à son abandon, été totalement obstrué et pourrait offrir de nouvelles surprises une fois fouillé complètement. En outre, une grande pièce avec hypocauste a été mise au jour, indiquant la présence probable d’un établissement de bains. Les fouilles révèlent également un frigidarium, une salle froide, entièrement carrelée dans sa dernière phase d’utilisation, mais qui a connu un état antérieur avec un sol en mosaïque. Des traces d’emplacement d’éléments de décor en marbre ou calcaire ont également été retrouvés le long des murs. Ces découvertes indiquent qu’il pourrait s’agir de thermes publics ou de bains privés, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse.



La suite des fouilles et perspectives
Les fouilles sont poursuivies jusqu’à la mi-janvier, après quoi une pause d’un mois et demi est prévue. Toutefois, une surveillance continue des travaux permettra de détecter toute découverte fortuite. La phase suivante des fouilles débutera début mars, avec environ trois à quatre mois de travaux pour tenter de répondre à toutes les questions soulevées par ces découvertes.
En conclusion, si les fouilles actuelles du musée des Beaux-Arts de Reims ont déjà permis de faire émerger des découvertes passionnantes, l’ensemble des théories et hypothèses qui en découlent nécessite encore un travail approfondi. Les différentes strates temporelles mises au jour – allant de l’époque romaine à la période médiévale et moderne – offrent un riche aperçu de l’histoire de la cité, mais de nombreuses interrogations demeurent. La datation précise des vestiges, comme le bâtiment médiéval et la latrine intacte, ainsi que la mise en lumière des éléments romains, notamment les caniveaux et les structures de bain, nécessitent encore une analyse minutieuse pour confirmer leurs fonctions et leur contexte.

Le rôle de l’archéologue dans ce processus consiste en une collecte méthodique et rigoureuse des vestiges, suivie de leur étude détaillée pour en extraire des informations fiables. Les premières observations sont cruciales, mais ce n’est qu’après une interprétation fondée sur des éléments concrets et vérifiables – tels que les objets retrouvés, les aménagements urbanistiques ou les matériaux de construction – que des hypothèses solides pourront être formulées. L’archéologie n’est pas une science de certitudes immédiates, mais une démarche progressive, qui va de la mise au jour des vestiges à la publication des résultats en passant par leur analyse approfondie.
La poursuite des fouilles permettra ainsi de confronter ces premières découvertes avec de nouvelles données, que ce soit par l’exploration des structures encore inaccessibles ou par l’étude croisée avec des archives anciennes. Ces étapes successives permettent, à terme, de répondre aux questions en suspens et d’étayer les théories archéologiques avec des preuves tangibles, enrichissant ainsi notre compréhension de l’évolution de cette cité au fil des siècles.
Jusqu’ici, les différentes zones fouillées ont permis de mettre au jour divers vestiges permettant de mieux cerner l’histoire du lieu et de la ville.
Dans la zone 6 (cour d’honneur), les archéologues ont découvert une chaussée romaine large d’une dizaine de mètres avec de part et d’autre l’emplacement de trottoirs (d’environ trois mètres chacun). Ces derniers étaient couverts comme en témoignent les bases en pierre destinées à recevoir des colonnes formant des portiques.
Sur cette même zone, une lampe à huile en céramique et une anse en métal d’un petit récipient (possiblement une cruche) ont également été mis au jour. Au niveau de l’ancienne chaussée gallo-romaine, les fouilles ont livré des fragments de lingotière de type « moule à flans » en terre cuite attestant d’une activité liée au travail du métal, peut-être pour de la monnaie ou de la fausse-monnaie, les découvertes archéologiques nécessitant toujours d’être étudiées « hors terrain » pour infirmer ou confirmer les premières hypothèses.
Les fouilles archéologiques, mises en pause pour laisser place à d’autres phases du chantier de réhabilitation du futur musée reprennent force et vigueur en octobre pour une durée de trois mois.
Les trois prochains mois de fouilles vont permettre de poursuivre les investigations dans le jardin et notamment compléter les informations déjà recueillies sur le quartier romain qui se développait à son emplacement et les bâtiments associés à l’abbaye St-Denis.
©Service archéologique du Grand Reims

Divisée en plusieurs phases, sur différentes zones, l’équipe a investi dans un premier temps l’ancien jardin (futur emplacement de l’auditorium) qui donne sur la rue Libergier.
Ces deux mois de fouilles, réalisées sous des conditions météorologiques peu clémentes, ont été riches en surprises. En effet, rapidement après avoir lancé les opérations, les archéologues ont dégagé, au sud du jardin, plus d’une cinquantaine de blocs ayant servi de remploi pour la construction d’un large mur. Parmi ceux-ci, on trouve des fragments d’architecture, des dalles funéraires, des plates-tombes, un chapiteau… Ces derniers ont probablement appartenu à l’église abbatiale ou à des bâtiments conventuels. Un peu plus loin, ce sont des moules à cloche qui ont été mis au jour, ainsi que des scories de bronze attestant la présence d’autres sortes de fours sur ce site. Un certain nombre de puisards en moellons de craie ont également été trouvés.
Autres découvertes mises au jour par le service archéologique du Grand Reims, plus d’une quinzaine de sépultures médiévales, sans doute liées aux moines qui ont vécu dans l’abbaye Saint-Denis durant plusieurs siècles.


Cette première phase de fouilles, dans l’ancien jardin, touche à sa fin ; les archéologues investiront une nouvelle zone à partir de mi-janvier/février. Notons cependant que l’organisation des travaux a amené les archéologues à effectuer la fouille de cette zone en deux temps. En effet, en janvier, les premiers vestiges seront protégés et recouverts par des gravillons afin de permettre des déplacements de véhicules et de matériaux pour la continuité des travaux du bâtiment. Par la suite, une seconde phase de fouilles du jardin permettra d’aller plus en profondeur et d’atteindre des strates inférieures à celles déjà explorées sur ce terrain. Si, jusqu’alors, la datation de la plupart des objets les situent probablement sur la période contemporaine ou médiévale, les archéologues espèrent mettre au jour des vestiges plus anciens, notamment gallo-romains. Une piste confirmée récemment avec la mise au jour d’un hypocauste* lors du creusement d’un trou destiné à l’enfouissement des gravats.
(* voir : publication Facebooksur cette découverte)
La majeure partie de ces objets ont désormais rejoint le centre d’étude du service archéologique du Grand Reims afin d’étayer les premières hypothèses et pouvoir nous apporter plus d’informations sur la vie de ce site et de Reims à travers des siècles.
La suite semble donc prometteuse, nous ne manquerons pas d’y revenir.
©Service archéologique du Grand Reims