La conservation préventive
Responsable de la régie des œuvres au musée des Beaux-Arts
et au musée-hôtel Le Vergeur - maison Hugues Krafft
La conservation préventive est définie comme l’ensemble des actions ayant pour but d’éviter ou de limiter les détériorations naturelles ou accidentelles des œuvres d’art en agissant sur leur environnement et notamment le climat.
Celui-ci doit être le plus stable possible avec une humidité relative comprise, dans l’idéal, entre 45% et 55%. Une humidité relative trop élevée pourra entraîner des moisissures tandis qu’un climat trop sec peut provoquer des éclatements et des pertes de matière. Bien entendu, tous les matériaux ne se comportent pas de la même manière ; ainsi les métaux doivent être conservés dans un environnement un peu plus sec pour éviter la corrosion tandis que les conditions idéales pour un fonds photo correspondent à une chambre froide ! Ce sont souvent les variations de l’humidité ambiante qui provoquent des altérations car les œuvres sont généralement constituées de matériaux composites ayant, chacun, des degrés de dilatation propres qui créent des tensions entre les éléments.
La lumière est également un facteur de dégradation important pour les matériaux organiques. Ainsi la règle pour les œuvres graphiques ou les textiles est de les exposer 3 mois à une lumière de 50 lux maximum et de les laisser ensuite dans le noir pendant 3 ans ! Même s’il existe maintenant des moyens de protéger les œuvres avec des verres anti-UV ou des sources lumineuses LED moins nocives, la rotation des œuvres graphiques est toujours privilégiée.
Les insectes, vrillettes xylophages (qui se nourrissent du bois), poissons d’argent (papier, tissu) ou mites kératophages (cuir, tissu, poils, fourrures, ...) constituent également un danger pour les œuvres, sans oublier bien entendu les facteurs humains liés à la manutention ou au transport des collections. Les équipes professionnelles sont sensibilisées et toujours formées à la manipulation des œuvres.
Le Centre de conservation
Le nouveau Centre de conservation des Musées de Reims permet de conserver les œuvres dans des conditions optimales : stabilité du climat grâce à l’inertie d’un bâtiment en béton et aux CTA (Centrales de Traitement d’Air), éclairage LED avec variateurs, mobilier de stockage et conditionnements adéquats, protection des œuvres fragiles recouvertes de housses, pièges à insectes à lumière verte, pièges à mites ou à rampants avec veille sanitaire pour limiter les infestations.
Housses de protection en tyvek® qui recouvrent les dessins de Léonard Foujita en réserve arts graphiques pour les protéger de la lumière © Catherine Arnold, 2023
Reconditionnement sur rouleau de la tapisserie Alexandre et la famille de Darius, 2008.0.139, par la restauratrice Nathalie Schluck et les techniciennes de conservation Lina Paz et Loreleï Carré au Centre de conservation des musées de Reims © Florie Grall, 2023
Lorsque les actions indirectes sur l’environnement ne suffisent plus et qu’une œuvre est en danger, ce sont des interventions de conservation curative qui sont mises en place : allez plus loin