Histoire des collections
Les collections de la Ville de Reims se sont progressivement constituées à partir du XVIIIe siècle autour du fonds de l’école de dessin. En 1748, la Ville se dote d’une école gratuite de dessin dont le directeur est Antoine Ferrand de Monthelon (1686-1752). A sa mort, il lègue à la municipalité sa collection constituée lors de voyages en Europe notamment la célèbre série de portraits réalisés par Cranach. La collection de Ferrand de Monthelon et le fonds de l’école de dessin composés de plusieurs milliers de dessins, estampes, travaux d’élèves et feuilles de maîtres, plâtres et peintures sont le point de départ des collections rémoises.
A la Révolution française, de nombreuses collections passent dans le domaine public à la suite des saisies révolutionnaires. Patrimoine religieux et collections privées sont pris en charge par la collectivité. En 1793, l’abbé Nicolas Bergeat (1733-1815) est chargé de recenser les objets d’arts et les livres confisqués, de sauver du vandalisme les biens artistiques abandonnés par leur propriétaire en fuite ou en état d’arrestation. Le musée devient dès lors le lieu de réception du patrimoine de la Ville en vue de le présenter aux habitants et curieux de passage. Aidé par le peintre Nicolas Perseval (1745-1837), Bergeat commence en 1794 un premier registre d’inventaire parcellaire qui recense 260 œuvres environs. En 1795, l’État décide la création d’un musée installé au premier étage de l’hôtel de Ville. En 1798, le musée revient à la charge de la Ville sous l’œil vigilant de son conservateur. Il ouvre au public une fois par semaine à partir de 1800.
Délaissé dans le premier quart du XIXe siècle, le musée redevient un enjeu sous la municipalité d’Augustin de Saint-Marceaux dans les années 1830. Le rôle du conservateur de la Bibliothèque, des Archives et du Musée s’impose au cours du siècle sous l’impulsion de Louis Paris puis de Charles Loriquet. En 1893, le musée archéologique de Reims est inauguré. Les collections présentées sont issues des nombreux dons effectués par des particuliers au profit de la Ville depuis 1835, ainsi que de l’importante collection archéologique de Théophile Habert (1822-1899), qui devient le conservateur, complété parallèlement par des objets issus de fouilles réalisées dans la région. Cet ensemble se retrouve aujourd’hui dans les collections du musée Saint-Remi. Ainsi au cours du XIXe siècle, outre des envois de l’Etat, plusieurs dons et legs enrichissent les collections. L’attrait du musée se diffuse auprès de la bourgeoisie locale pour offrir une postérité à leurs collections. Riches industriels, négociants - dans l’industrie lainière ou du champagne - la liste des donateurs dans nos inventaires traduit l’essor économique de Reims. D’importantes donations rythment cette fin de siècle tels que les objets japonais d’Alfred Gérard en 1891, les céramiques de la Veuve Pommery en 1892 ou encore le legs d’Henry Vasnier, en 1907, qui a formé le cœur des collections du musée des Beaux-Arts.
Durant la première moitié du XXe siècle, l’accroissement des collections se poursuit au milieu des vicissitudes de l’Histoire. Au début de la Grande Guerre, le musée ouvert à l’abbaye Saint-Denis en 1913, à quelques mètres de la cathédrale, est frappé par les obus allemands détruisant sept tableaux. Les œuvres sont dispersées en 1917 au château de Fontainebleau, au Louvre et au Panthéon. En 1939, le musée est de nouveau fermé et ses collections évacuées. En 1945, le legs de Paul Jamot, ancien conservateur du département des peintures du Louvre, chargé en 1927 de diriger le musée de Reims, complète les collections rémoises avec plus de 115 peintures, dessins et aquarelles.
Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la Ville a développé sa stratégie en matière muséale pour encadrer la gestion et la valorisation de ses collections. L’enrichissement se poursuit via une politique réfléchie d’acquisitions et de dépôts, de dons, et grâce aux découvertes archéologiques. Les collections de la Ville sont aujourd’hui réparties entre quatre musées : le musée Saint-Remi évoque l’archéologie et l’histoire de Reims de l’Antiquité à la fin du Moyen Âge ; le musée des Beaux-Arts présente l’histoire de l’art française et européenne du XVIe au XXe siècle ; le musée du Fort de la Pompelle et le musée de la Reddition exposent les collections liées à l’histoire militaire de Reims durant la Première et la Seconde Guerre mondiale. La chapelle Foujita permet enfin de découvrir l’univers original et inclassable du peintre franco-japonais Léonard Foujita. En 2019, la gestion du musée de l’Hôtel Le Vergeur, dont les collections appartiennent à la Société des Amis du Vieux Reims, est confiée au musée des Beaux-Arts. Au sein de la direction des musées, les collections rémoises se voient doter d’un nouveau Centre de conservation ouvert en 2020. En 2021, le Musée numérique a pour ambition de présenter l’ensemble des collections rémoises, en réserve ou exposées, au moment où le musée des Beaux-Arts ferme ses portes pour se reconstruire dans un nouvel écrin.