Campagne de restauration

Restauration du portrait du Fayoum : du choix de l’œuvre à sa restauration
Suivez avec nous les différentes étapes de cette "renaissance"

La campagne de vote dont le but était de choisir parmi quinze œuvres sélectionnées par les membres de l’équipe des musées celle qui serait restaurée, est terminée.
Le public a majoritairement plébiscité le portait du Fayoum.

Nous tenons à remercier tous les votants pour leur participation.

Portrait du Fayoum Musée Saint-Remi

Portrait du Fayoum
Égypte - fin 5e siècle ; Début 6e siècle
© Photos Corentin Le Goff

État actuel de l’œuvre

Le musée Saint-Remi a la chance de conserver dans ses collections un portrait du Fayoum daté de la fin du 5e siècle, trouvé à Antinoë en Egypte. Après la bataille d’Actium en 31 avant J-C, l’Egypte devient romaine et ses traditions funéraires évoluent, les masques égyptiens stylisés couvrant le visage des défunts deviennent des portraits ‘réalistes’, avec une fonction commémorative.
Ils sont le plus souvent réalisés sur bois ou sur lin comme celui-ci qui s’apparente alors à un linceul. Différentes techniques de peinture sont employées, à l’encaustique ou à la détrempe.

Cette œuvre émouvante représentant un jeune homme nécessite d’importantes consolidations au niveau des déchirures avec certainement la nécessité d’un doublage pour reprendre les très fortes déformations du support en lin qui entraînent des pertes de la matière picturale.
L’œuvre est également très empoussiérée ce qui ternit ses couleurs et sa lecture.
Une suspicion d’infection par un champignon fut un moment évoquée avec cette zone blanchâtre visible au centre mais sans développement notable par la suite.

La restauration, des temps longs…

Les musées de Reims sont des musées municipaux. Toute demande de restauration est donc soumise à la réglementation des marchés publics et à une mise en concurrence permettant une transparence et un traitement d’égalité des candidats. Pour la conservation-restauration des œuvres, la Ville a mis en place un type de marché appelé « accord-cadre » et recrute pour 4 années consécutives 2 à 3 restaurateurs par spécialité qu’elle remet en concurrence à chaque besoin. Nous parlons de « marchés subséquents ».

Après l’établissement du devis et l’analyse des offres, le protocole scientifique proposé par le restaurateur doit être présenté devant la commission interrégionale de restauration qui se réunit trois fois par an. En cas d’urgence, il est possible de présenter un dossier en délégation permanente. Une fois la proposition validée la restauration peut commencer.

Si l’on compte les délais d’étude et de tests préalables afin de valider le protocole et les échanges avec les équipes scientifiques et de conservation, les durées des interventions sont souvent longues. Il n’est pas rare qu’une restauration complexe demande plusieurs années avant de se finaliser.

L’ensemble de la restauration doit être documenté de façon précise et détaillée dans un rapport avec une couverture photographique complète. Remis en fin de travaux en version papier pour intégrer le dossier d’œuvre et en version numérique pour être lié à la base de données des collections, il sera essentiel pour les futurs restaurateurs qui interviendront à nouveau sur l’œuvre. Le compte-rendu est souvent accompagné de conseils pour l’entretien, le stockage, la manipulation ou l’exposition des œuvres.

Dernières nouvelles

Les gagnants du tirage au sort ont pu découvrir le Centre de conservation des musées de Reims et admirer le portrait du Fayoum lors de deux visites, vendredi 19 avril et mardi 4 juin 2024.

Parallèlement, les restaurateurs sont venus réaliser des devis et le choix s’est porté sur le groupement de Bertrand Bedel avec un restaurateur support, Xavier Beugnot, qui a déjà traité des œuvres semblables et possède une très bonne connaissance de ce type de textiles archéologiques. Le groupement associe également une restauratrice de spécialité textile, ce qui est très intéressant pour cette œuvre complexe.

La notification du marché a été envoyée le 14 juin et le protocole d’intervention validé par la commission interrégionale de la Direction régionale des affaires culturelles le 1er juin. La restauration va pouvoir commencer !